C’est au sein d’un chœur gospel en vogue dans les années 50 en Afrique australe, les Manhattan Brothers, que la jeune Zenzile Makeba commence à se faire remarquer. Sa voix mélodique et tonique fait sensation et sa notoriété la hisse au rang des grandes interprètes sud-africaines. Elle n’a alors que 24 ans. Sa passion pour le chant attise la curiosité de ses contemporains et lui fait rencontrer différentes personnalités qui, indirectement, bousculeront son devenir de jeune étoile de l’art vocal. En enregistrant ses premiers disques à New York, au tournant des années 60, Miriam Makeba n’imagine pas que ce voyage outre-Atlantique se transformera en un exil de 31 ans. Déjà très critique du régime d’apartheid qu’elle subissait gamine en Afrique du Sud, elle trouvera aux États-Unis un soutien et un renfort de la communauté africaine-américaine qui nourriront son activisme et sa rébellion. L’un des premiers à accompagner son engagement citoyen sera le chanteur Harry Belafonte.
Nous sommes le 2 mai 1960 à Carnegie Hall. Miriam Makeba séduit le public new-yorkais en chantant dans sa langue maternelle et impose ainsi son identité et sa culture. Pour autant, son ouverture d’esprit ne lui interdit pas de s’adresser au monde en plusieurs langues. Miriam Makeba gagne en confiance. Le mouvement des droits civiques aux États-Unis épouse ses propres convictions contre le racisme. Elle ose même se présenter à la tribune des Nations-unies, le 16 juillet 1963, pour fustiger le régime ségrégationniste sud-africain. Miriam Makeba ne cessera jamais de dénoncer les exactions où qu’elles soient sur cette planète, mais il est vrai que la situation politique de son pays la préoccupait et la poussait à dire tout haut ce que chacun pensait tout bas. Miriam Makeba aura bataillé toute sa vie pour que l’égalité entre tous les êtres humains soit une réalité. Elle aura été soutenue par de nombreux orateurs insoumis, elle aura chanté ses héros, Lumumba ou Malcolm X, elle aura épousé le combat de ses frères et sœurs de la diaspora africaine dans le monde, ce qui lui aura valu quelques déboires avec les autorités, notamment aux États-Unis, où ses prises de position en faveur des Black Panthers auprès de Stokely Carmichael lui imposeront de quitter le pays pour la Guinée.