Le Nigeria, une «start-up nation» qui demande à mûrir

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Lorsque Mitchell Elegbe fonde l’entreprise Interswitch à Lagos, en 2002, la capitale économique du Nigéria était encore un coupe-gorge. «C’était le règne absolu du cash: il n’y avait ni cartes bancaires ni distributeurs, ce qui forçait les gens à se balader avec des sacs d’espèces. Sortir le soir était particulièrement dangereux», se rappelle l’entrepreneur, qui décide alors de créer un système de cartes de retrait à utiliser chez les commerçants. Mais trouver des investisseurs se révèle être tout aussi difficile que de sevrer les Nigérians de leurs liasses: «Nous avions besoin d’un million de dollars pour démarrer et n’en avons levé que la moitié. Cela m’a poussé à une grande frugalité.»

Vingt ans plus tard, il est peu dire que la scène entrepreneuriale du pays le plus peuplé d’Afrique est méconnaissable. Mitchell Elegbe a multiplié le nombre de cartes bancaires en circulation par 400 et transformé Interswitch en l’une des sept licornes africaines, une entreprise technologique valorisée à plus d’un milliard de dollars. Et de participer au spectaculaire décollage de la tech nigériane: le pays aurait, en 2021, vu affluer près de 1,5 milliard de dollars d’investissement à destination de plus de 200 start-up.

Si le chiffre reste modeste en comparaison des pays développés (les start-up helvétiques ont levé deux fois plus d’argent en 2021), la dynamique nigériane reflète la vague d’engouement à destination du continent noir: «Il y a dix ans, les start-up africaines levaient 40 millions de dollars par an. En 2021, c’était plus de 4 milliards. C’est une explosion, on a passé un vrai cap», analyse Max Cuvellier, le cofondateur d’Africa: The Big Deal, une lettre d’information financière.

«Il n’y a jamais eu de meilleure période pour entreprendre en Afrique», corrobore Olutosin Oni, un associé de l’un des plus importants fonds de capital-investissement de Lagos. En jeans, t-shirt et baskets, le trentenaire détaille les facteurs sous-tendant la formidable ruée vers le sud du Sahara: «L’effet boule de neige s’est enclenché; les quelques gros succès entrepreneuriaux de ces dernières années ont enfanté une foule d’anciens cadres expérimentés qui tentent l’aventure à leur tour et qui n’ont eu, compte tenu de la conjoncture monétaire mondiale très accommodante, aucun mal à lever des fonds.»

SourceLe Temps
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