« Nous croyons que les migrants africains, mais aussi ceux venus d’ailleurs doivent pouvoir vivre en sécurité et dans la dignité en Afrique », a déclaré Vincent Biruta, le ministre rwandais des affaires étrangères, peu après la signature d’un partenariat inédit et très controversé sur la migration et le développement économique avec le Royaume-Uni, jeudi 14 avril, à Kigali. Le texte prévoit l’envoi vers le Rwanda des migrants et demandeurs d’asile qui arrivent clandestinement en Grande-Bretagne.
Vu de Kigali, l’accueil et l’intégration des migrants déboutés par Londres sont un coup politique et une opportunité économique. Le Royaume-Uni a promis d’investir dans un premier temps 120 millions de livres sterling (145 millions d’euros) pour aider à la mise en place du projet, mais aussi pour soutenir le développement du pays, dont 40 % de la population vit encore sous le seuil de pauvreté et qui est régulièrement critiqué pour sa répression de la liberté d’expression.
Une fois arrivés au Rwanda, les migrants auront la possibilité d’être régularisés ou de rentrer dans leur pays d’origine s’ils le souhaitent. Ceux qui décident de rester auront accès à la mutuelle de santé, aux aides sociales rwandaises et pourront chercher un emploi. Alors que le Rwanda accueille déjà plus de 130 000 réfugiés, principalement originaires de la République démocratique du Congo (RDC) et du Burundi, Kigali se dit prêt à accueillir plusieurs milliers, voire quelques dizaines de milliers de migrants renvoyés du Royaume-Uni.
Dans un contexte où la croissance économique a été fortement impactée par la crise du coronavirus et où l’inflation a été récemment aggravée par les conséquences de la guerre en Ukraine, l’annonce est critiquée par les rares opposants au régime du président Paul Kagame encore établis au Rwanda.