On connaît désormais la liste des films présents au festival de Cannes 2022, dans le cadre de la sélection officielle (en compétition pour la Palme d’or) et des sélections dites parallèles (Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique, Association du cinéma indépendant ACID).
Cette année, le cru africain n’aura pas la même qualité que celui de 2021. L’an dernier, avec deux films d’auteurs majeurs en compétition (Haut et fort, du Marocain Nabil Ayouch et Lingui, du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun) et six longs métrages dans les autres sélections, sans compter la présence de la Sénégalaise Mati Diop dans le jury, on pouvait parler à juste titre d’année africaine. En 2022, retour à un niveau plus habituel.
Un seul film africain sera en compétition pour la Palme d’or : Boy from Heaven, réalisé en Égypte par Tarik Saleh qui réside en Suède où il est né. Pourtant, l’intrigue de ce qu’il présente comme une sorte de polar est bien ancrée dans le pays d’origine de la famille du réalisateur. Il est question de questions théologiques et de rivalités pour succéder à l’imam principal de l’université d’Al-Azhar après sa mort subite. On doit à Tarik Saleh un long métrage remarqué en 2017, déjà un polar, Le Caire confidentiel, primé au célèbre festival américain de Sundance.
Concernant l’Afrique, on en reste là non seulement pour la compétition, mais aussi pour les sélections du festival « officiel ». Le délégué général Thierry Frémaux a pourtant affirmé qu’il avait vu beaucoup de films intéressants d’auteurs maghrébins, sans pour autant les retenir. Une impression manifestement partagée par les responsables de la Quinzaine des réalisateurs qui eux, ont retenu deux films du Maghreb et, c’est une première, originaires du même pays : la Tunisie.
Première Tunisienne depuis 1994
On regardera avec beaucoup d’intérêt Ashkal, le premier film de Youssef Chebbi, réalisateur mais aussi producteur et musicien, cofondateur du festival de musique tunisien Sailing Stones.
Polar non conventionnel aux relents « métaphysique » dit-on, Ashkal raconte une enquête déconcertante menée par deux policiers sur deux crimes similaires et mystérieux commis à peu de temps d’intervalle dans le quartier tunisien des Jardins de Carthage.
Autre premier film de fiction, Sous les figuiers a été réalisé par Erige Sehiri, première Tunisienne à être sélectionnée à la Quinzaine des réalisateurs depuis Moufida Tlatli en 1994. Son long métrage se déroule dans une Tunisie rurale en pleine évolution.
Présence décevante
On ne peut que déplorer une présence décevante des cinémas africains sur les écrans cannois, notamment ceux du sud du Sahara, grands oubliés de ce cru. Même les sélections de la Semaine de la critique et de l’ACID, qui révèlent souvent les jeunes talents, n’ont retenu aucun film du continent. Seule consolation à cet égard : Kaouther Ben Hania, auteure de La Belle et la Meute qui avait été fort remarqué au sein de la sélection officielle Un Certain regard à Cannes en 2017 , sera présidente du jury de la Semaine de la critique. Une distinction de plus pour la Tunisie, qui sera décidément à l’honneur sur la Croisette.