Dans les grandes arcades de Nabugabo, au cœur de Kampala, des ballots de vêtements s’entassent dans les magasins. « Tous ces habits sont d’occasion », indique Bobby Kolade, au milieu de l’un des entrepôts de ce quartier, centre de ravitaillement pour une grande partie des boutiques de la capitale. Revenu en Ouganda en 2018, après plus d’une dizaine d’années passées entre Paris et Berlin dans le secteur de la mode, le jeune créateur de 35 ans n’imaginait pas qu’il finirait par travailler avec des produits de seconde main. « Quand j’y repense aujourd’hui, c’était pourtant évident », sourit-il.
Avec Buzigahill, sa nouvelle collection, le styliste repense ces vêtements importés du Canada, du Royaume-Uni ou d’Allemagne, dans des pièces non-genrées destinées à être revendues dans leurs pays d’origine. « Avant, j’étais en colère quand je retrouvais ici tous ces vieux habits donnés dans des points de collecte en Europe, parfois inutilisables et couverts de taches de peinture. Maintenant, j’essaie de les voir comme une ressource, et d’en tirer quelque chose de positif », explique-t-il.
Dans son studio, Bobby Kolade, accompagné d’une équipe de six personnes, donne une nouvelle vie à ces vêtements, les découpe et recoud en mélangeant les différentes pièces. « C’est une collection joyeuse, colorée, pour célébrer la créativité ougandaise qui n’est souvent pas appréciée à sa juste valeur, affirme-t-il. Mais je pense que c’est aussi un reflet de cette industrie de seconde main qui pèse sur les fabricants locaux. »