Le peuple Sao existe d’après les chercheurs depuis près de 1800 ans avant notre ère. Entre l’an 930 et l’an 970 ils sont présents au Sud du Lac Tchad. Mais selon les historiens ils sont venus se mélanger à cet endroit à une population y vivant avant eux. Cette population y vivait depuis l’an 425 avant Jésus Christ. Ensemble, ils formèrent l’Empire Sao. Le peuplement s’est constitué en vague de trois migrations. La première migration était constituée de chasseurs armés de sagaies et accompagnés par des chiens courants. La deuxième migration par des chasseurs également, mais ceux-ci armés d’arcs et de flèches. La troisième et dernière migration est constituée de pêcheurs équipés de filets originaires des bords du Lac Tchad. Les Sao constituent donc un peuple issu du groupement de plusieurs ethnies.
Ascension et mode de vie
Dès le 6e siècle, ce peuple mixte composé d’hommes forts entreprennent la construction de leurs logements. Architectes par essence, ils construisent de gigantesques cités entourées de terre sèche et cernées par des fortifications et des remparts. Ce modèle de construction séduit les autres peuples et royaumes environnants. Les Sao sont donc consultés pour la qualité de leur architecture. C’est ainsi que leur poids politique s’accroit et l’Empire développe des relations diplomatiques importantes avec le royaume de Kanem établi à l’Est du Tchad et constitué du peuple Kanuri.
Etant de grands architectes leur mode de vie reposait essentiellement sur la sculpture de l’argile. Malgré leur ancienneté ils avaient les prémices de la modernité. En effet, les Sao enterraient leurs morts dans des tombes de trois et parfois 4 niveaux. Des tombes aménagées d’oreiller sur lesquels reposaient la tête des défunts. Ce mode de sépultures a évolué. Ainsi, pendant la période considérée comme la période classique des Sao, ils ont opté pour des jarres, ancêtres des cercueils d’aujourd’hui. Ces jarres étaient en terre cuite, entièrement ou partiellement décorées de chevrons et des motifs symboliques. La jarre inférieure, dans laquelle était placé le mort en position fœtale, était fermée soit par une autre jarre de même dimension, opposé verticalement bord à bord, soit, plus fréquemment, par une autre poterie, de même forme ovoïde mais de taille plus réduite.
Le peuple Sao a été reconnu mondialement pour son génie politique et artistique. Politiquement, des Cités-États constituaient l’Empire. Ces Citées-États développaient un sens du patriotisme à toute épreuve. Les villes étaient barricadées par de solides murs qui, en plus de dominer la vie de la campagne la protégeait également. Le gouvernement était finement structuré avec une organisation hiérarchique qui avait à sa tête un guide divin. Ce dernier apparaissait publiquement de très rares fois sauf lors des cérémonies, où ils étaient couverts et à l’abri des regards humains. Les femmes n’étaient pas marginalisées chez les Sao. Au contraire, ces dernières occupaient une place respectable à l’instar de la Reine mère et de la sœur ainée du Roi qui exerçaient une influence politique puissante sur les gouvernements décentralisés des États.
Composé en majorité des agriculteurs sédentaires, les Sao possédaient dans leurs rangs des génies artistique et industriel. Ceux-ci travaillaient avec brio l’argile et divers métaux pour fabriquer des ustensiles ménagers, des outils et des œuvres d’art pour une utilisation religieuses. Les reliques et artefacts retrouvés issus de cet empire comprenaient des urnes funéraires, des statuts d’animaux et d’êtres humains fabriqués à base d’argile et de bronze. Selon les archéologues, ces objets datent l’an 700 après Jésus Christ. L’empire Sao a longtemps résisté aux assauts des empires du Kanem et du Bornu, ce qui prouve à suffisance la solidité de leur gouvernement.
Déclin de l’Empire Sao
L’arrivée de la religion Islamique va contribuer à la chute de l’Empire Sao. En effet, dès l’arrivée de l’Islam au 16e siècle, la religion va interdire toute représentation chez les Sao. Ces derniers ne peuvent donc plus construire leurs figurines en argile.
Aussi, les relations avec le royaume de Kanem se détériorent. Des guerres et guérillas éclatent entre les deux royaumes. Les victoires et défaites s’alternent, le vent va définitivement tourner pour les Sao lorsque le peuple de Boulala, originaire du Yémen s’empare de Kanem et chassent définitivement les Sao de la région. C’est ainsi la fin de l’Empire Sao. Les survivants de ce peuple seront exterminés pour la plupart plus tard par les Massa et les Bornu. Ceux qui ont réussi à s’enfuir se sont installés au nord-ouest du Cameroun, où, ils se sont métissés aux populations Massa installées là-bas pour créer l’ethnie Kotoko. Le territoire de l’Empire Sao s’étendait sur l’actuel Tchad, une partie du Nigéria et du Cameroun.