L’empire Songhaï s’est formé des groupements de pêcheurs Sorkos et des chasseurs Gows. Ceux-ci ont reconnu comme chef suprême Faran Maka Boté. La première capitale de l’empire est Koukya, territoire situé au Sud de l’actuelle Gao. Au 8e siècle, précisément peu avant l’an 1000 la capitale est déportée de Koukya à Gao par la dynastie Dia qui venait d’apparaitre dans la région. À la suite de l’extension de l’Empire du Mali au 13e siècle, naquit la dynastie Sonni en 1275. Déporté comme esclave, le prince Ali Kolon réussi à s’échapper et vient créer une nouvelle dynastie à Koukya. Sonni Ali accéda au trône du petit royaume de Gao. Il arma une flotte de 400 bateaux et alla à la conquête de Tombouctou. Il renversa Tombouctou en 1468. En 1473, sa flotte dénommée flotte de Djenné assura sa domination sur tout le delta intérieur du fleuve. Ce grand souverain, que ses sujets dénommèrent ‘’Ali le Grand’’ commença a rédigé des actes officiels, mis sur pied une administration centralisée et permis l’essor du commerce.
A sa suite, son fils pris les rennes de l’empire. Ce dernier était un bien mauvais dirigeant et fut renversé par Mohamed Sylla, chef de l’armée. Celui-ci entreprit l’élargissement de l’empire et favorisa le développement des cités commerciales. Sous sa domination, Tombouctou devint l’une des plus importantes villes au monde en termes d’intellect et de commerce. La ville devint le centre névralgique des échanges entre les céréales issues de l’empire et le sel du désert. Une richesse qui permettait de faire prospérer les écoles musulmanes.
Un coup d’État orchestré en 1493 porte à la tête de l’empire, Sarakollé Mohammed Touré encore appelé Askia Mohamed. Ce dernier opte pour une politique inverse et islamise le royaume. Il effectue d’ailleurs un pèlerinage à la Mecque en 1496 et est couronné Calife du Soudan en Egypte, un titre qui légitime son pouvoir et toutes ses conquêtes. Il transforme donc le Songhai en un territoire hautement islamique et crée la dynastie des Askia (1493 – 1592). Sous sa houlette, l’empire connait ses heures de gloires.
L’apogée de l’empire
Askia Mohamed met sur pied un système de gouvernance qui va en droite ligne avec les traditions païennes s’alliant avantageusement avec la Charia. Le gouvernement est moderne et rationnel. Le pouvoir n’est pas centralisé. Les taches sont partagées entre le conseil, le chancelier et les différents ministres tels que le Hi Koy, maitre de l’eau, le Monjo, maitre de l’agriculture et le Kalisa Farma ministre des Finances. Deux provinces ayant chacune à sa tête un gouverneur ou un prince du sang, composent l’empire. 12 petites villes accompagnent l’organisation territoriale de l’empire. Chacune des villes est dirigée par un gouverneur qui dirige une administration efficiente et militarisée.
Militairement, une armée et une flotte permanente ayant à sa tête des officiers professionnels sont crées par Askia Mohamed. La plus grande source de revenue de l’empire reste le commerce de l’or et du sel. Mais aussi de la traite des esclaves. Deux vastes changements socio-économiques sont observés. D’abord, le développement d’une société urbaine stable avec pour principal socle le commerce et la religion musulmane. Les trois principales villes de l’empire sont internationalement reconnues pour leurs populations et leurs activités. Tombouctou compte 80 000 habitants et une forte mobilisation religieuse avec l’université de Sankoré et 180 écoles coraniques avec pour spécialité le droit Malékité. La ville de Djenné avec ses 40 000 habitants est le pôle du commerce de toute l’Afrique équatoriale. Et Gao avec 100 000 habitants est la capitale politique.
Ensuite, l’autre changement est la forte présence des européens, précisément des Portugais dans les échanges commerciaux. En 1510 les royaumes du Maghreb voient d’un mauvais œil la prospérité de l’empire Songhaï. Ils craignent notamment une mainmise définitive sur les mines de sel du Sahara. Ces tensions perturbent le commerce transsaharien.
Chute de l’empire
Ebloui par le rayonnement de Tomboctou et la richesse des Askias, Al-Mansour, sultan du Maroc engage la conquête de l’empire Songhaï. Askia Daoud ne put résister à la guerre civile qui devasta le pays. A la tête des villes et provinces furent nommés par le sultan des gouverneurs marocains. Ces derniers furent appelés ‘’Armas’’ par le peuple à cause des armes à feu qui ont facilité leur victoire.