Huit tweets, des images chocs et un message fort. Ce samedi, Francis Ngannou a publié un long thread dans lequel il s’indigne du traitement réservé aux migrants, une dizaine de jours après le drame de Melilla. Le 24 juin dernier, au moins 23 migrants africains ont trouvé la mort en tentant de pénétrer dans l’enclave espagnole, située au Maroc.
Comme rapporté par l’ONG Human Rights Watch (HRW), des images ont révélé des actes de brutalité, avec des corps jonchant le sol, des policiers marocains assénant des coups et les forces de l’ordre espagnoles tirant des gaz lacrymogènes sur des hommes accrochés à des grillages. Sur Twitter, en accompagnant son propos avec des clichés et des vidéos, le champion du monde de l’UFC a poussé un énorme coup de gueule.
Ngannou: « Je connais cet endroit précis »
« Les gens du monde, les fans, les amis, s’il vous plaît, comprenez pourquoi c’est si difficile pour moi d’être témoin de tout ça. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a à peine neuf ans, j’aurais pu être l’une de ces personnes qui a tragiquement tout perdu dans une tentative de recherche d’une vie meilleure. Je connais cet endroit précis. Vous devez comprendre que si je n’avais pas tenté cette chose moi-même, vous ne me connaîtriez pas. Je n’aurais pas pu devenir un champion du monde. Il se trouve que j’étais un chanceux. C’est tout ce que c’était », écrit le combattant camerounais.
Le « Predator » (son surnom) fait référence à son parcours particulièrement sinueux avant de devenir la superstar de l’UFC que l’on connaît aujourd’hui. En 2012, il a quitté le Cameroun pour tenter de rejoindre Paris et a vécu plus d’une année de galère. Au Maroc, où il cherchait à trouver un passeur, il a notamment dormi plusieurs mois dans une forêt avec un plastique pour couverture, avant de connaître la rue à son arrivée à Paris.
Il déplore le traitement médiatique du drame
Sur Twitter, Ngannou souhaite profiter de sa notoriété pour attirer l’attention sur le drame de Melilla. « À ce jour, ceux qui y vivent sont soumis à des traitements les plus barbares et inhumains que vous puissiez imaginer. Je ne suis PAS d’accord que personne n’en parle. Je ne suis pas d’accord que personne ne les blâme et agisse sur les responsables. Je ne suis pas d’accord que les médias occidentaux ne le rapportent pas », déplore le combattant.
« Comment nos propres dirigeants peuvent-ils voir cela encore et encore et ne pas défendre leur peuple ? Quand dira-t-on que ASSEZ, c’est ASSEZ ? Que faudra-t-il pour arrêter de nous traiter ainsi ? Qu’avons-nous fait de si mal pour mériter ce traitement? Ne sommes-nous pas assez humains pour vous ? Ne devrions-nous pas exister sur la même planète ? Depuis quand quitter sa famille pour aller chercher un travail pour subvenir à ses besoins est-il un crime ? Depuis quand espérer survivre est un crime ? Quand ces actes de barbarie contre notre peuple seront-il punis ? Quand s’arrêteront-il ? J’ai besoin de réponses. »
Les tragiques événements de Melilla ont provoqué l’indignation générale, avec notamment une condamnation ferme de la part de l’ONU. Deux enquêtes ont été ouvertes en Espagne, ainsi qu’une mission d’information au Maroc.