Littérature : « Le Jardin Céleste » De Karel Schoeman, Plongée Mélancolique Dans Les Territoires Fondateurs Du Passé

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Actes Sud poursuit, après Phébus, l’édition en français des ouvrages de Karel Schoeman. Cet écrivain sud-africain d’origine néerlandaise, voix majeure de son pays, à l’égal de Brink ou Coetzee, est connu en France depuis la parution de « La Saison des adieux », en 2004, dans une traduction de Pierre-Marie Finkelstein. Son accueil avait encouragé Daniel Arsand (Phébus) à poursuivre son chemin avec Schoeman.

Avant cela…

Avant cela, « En étrange pays » avait déjà bénéficié de deux parutions, à partir d’une traduction anglaise, et non directement depuis l’afrikaans. Bien que traducteur et polyglotte, Schoeman a toujours publié dans sa langue natale, et non en anglais.

Il a fallu parfois attendre plus de trente ans, quarante pour « Le Jardin céleste », pour que paraisse la version française d’un de ses ouvrages. Pourtant, Schoeman est célébré chez lui, il a même obtenu trois fois le très prestigieux prix Hertzog (En 1970 puis en 1986 pour « En étrange pays » et en 1995 pour « Cette vie »).

Dans un manoir anglais
Si la plupart de ses romans se déroulent en Afrique du Sud, ce « Jardin céleste » a pour cadre un manoir dans la campagne anglaise, où un jeune étudiant originaire du Cap vient passer l’été, invité par son ami Bob Chambers. En filigrane, on reconnaît la lecture du « Messager » de L. P. Hartley. Ce « Messager » – adapté au cinéma par Harold Pinter et Palme d’or à Cannes en 1971 – présente curieusement, dans son édition 10/18, une illustration de couverture qui pourrait aussi bien convenir au « Jardin céleste ». Palimpseste ? Schoeman a toujours cité Harper comme son écrivain fétiche. Et s’en inspire comme d’une voix jumelle pour déployer ses obsessions, les exils, les déracinements, la sensation de pas de côté.

Nikolaas prend rapidement le pas de cette vie oisive, opulente, mais sans ostentation. La personnalité de Mme Chambers, aux accents très maternels, contribue à ce sentiment de bien-être mêlé de culpabilité qui l’envahit, surtout lorsqu’il trouve à son ami et sa sœur Prudence trop de désinvolture. La jeune fille, au caractère fougueux, affronte son père un peu lunaire, agacée par sa distance au monde tandis qu’elle entend la montée du nazisme et les éclats de la guerre civile espagnole.

Léger et doux
Il faut retenir de ce « Jardin » son architecture. Le premier chapitre fait un saut de quatre décennies (1977) pour remettre en présence Nikolaas et Prudence. Une pirouette qui dit tout de Schoeman, pour qui certains fragments de vie, certains lieux, certains événements ou juste quelques mots entendus participent au modelage de chaque être.

SourceSud-Ouest
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