Cameroun : Assassinat Du Journaliste Martinez Zogo, Un Crime D’Etat

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Depuis bientôt trois semaines, la sphère politico-médiatique camerounaise est secouée par le crime odieux d’un journaliste de radio. Plusieurs suspects ont déjà été mis aux arrêts et leur exploitation devrait aboutir à la mise à nue des auteurs de ce crime.

Rappel des faits

Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo, 51 ans, voix populaire d’Amplitude FM, une radio où il dénonçait quotidiennement, dans son émission Embouteillages, le fonctionnement mafieux des clans rivaux du régime, a été kidnappé à Yaoundé. Pendant plusieurs jours, sa famille nucléaire et les journalistes camerounais sont montés au créneau pour retrouver le journaliste. Le 22 janvier, le corps sans vie de Martinez est retrouvé à Ebogo 3, une localité située à quelques kilomètres de la capitale Yaoundé.

Indignation totale, la sphère médiatique camerounaise est aux abois. L’on réclame justice et le 27 janvier, le président de la République Paul Biya, instruit une enquête mixte Police-Gendarmerie sous la supervision de la Gendarmerie pour faire la lumière sur cette affaire. Et le 31 janvier, les premières arrestations sont effectuées.

Les services secrets impliqués

C’est le Secrétariat d’Etat à la Défense (SED) qui est en charge de l’enquête. Le 31 janvier, plusieurs membres de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE), le plus grand service secret camerounais, sont interpellés. Parmi eux, un certain Justin Danwe, le Directeur des opérations de ce service. Ce dernier va rapidement passer aux aveux et va avouer avoir conduit le commando qui a exécuté le journaliste Martinez Zogo. Maxime Eko Eko, patron de la DGRE est lui aussi convoqué au SED et placé en garde à vue.

Cependant, Maxime Eko nie son implication dans ce crime, mais Justin Danwe rassure qu’il n’aurait pas pu conduire une telle opération sans l’aval de son patron. Le 2 février, au cours d’un énième interrogatoire, Justin Danwe craque et décide de raconter le scénario de l’assassinat. Il raconte alors avoir suivi le journaliste pendant une semaine avant de le kidnapper. Après le kidnapping, le journaliste est conduit au sous-sol de l’immeuble Ekang. Un immeuble en plein centre-ville de Yaoundé et appartenant à Jean Pierre Amougou Belinga, un puissant homme d’affaire et patron de plusieurs médias au rang desquels la célèbre télévision Vision 4 . Martinez Zogo, quelques jours avant sa disparition, avait dénoncé des marchés fictifs de plusieurs milliards de Francs CFA octroyés à Jean Pierre Amougou Belinga. Toujours dans son récit, Justin Danwe affirme que l’homme d’affaire était présent lorsque le journaliste a été emmené dans son immeuble. Et c’est à la suite de plusieurs actes de tortures atroces que Martinez a été tué.

Le 6 février, Amougou Belinga est arrêté et conduit au SED pour audition. Avec lui, un des journalistes vedettes de son média, Bruno Bidjang, mais aussi son garde du corps, un colonel à la retraite Etoundi Nsoé ainsi que plusieurs membres de ses entreprises. Selon les informations diffusées par les médias locaux, Jean Pierre Amougou Belinga serait le commanditaire de l’assassinat du journaliste. Ce 14 février, ils ont été conduits devant le Tribunal Militaire, où, devraient débuter dans les prochains jours de nouvelles auditions. Plusieurs autres hautes personnalités sont citées dans cette affaire. Notamment, le ministre de la Justice garde des Sceaux, Laurent Esso et le ministre des Finances Louis Paul Motaze. Ces derniers seraient, avec Jean Pierre Amougou Belinga les responsables de ce crime odieux. Pour l’instant, l’enquête suis son cours et devra connaitre un dénouement très bientôt.

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