Au Nigeria, La Périlleuse Politique Monétaire De La Banque Centrale Plonge Le Pays Dans Le Chaos

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Des émeutes devant les distributeurs automatiques, des heures d’attente pour parvenir à retirer seulement 2 000 nairas (4 euros), des petits commerces forcés de mettre la clé sous la porte… La dernière décision de la banque centrale du Nigeria (CBN) – le remplacement de l’intégralité des billets en circulation par de nouvelles coupures – a viré au chaos dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Elle a aussi donné des arguments à tous ceux qui, à l’instar de l’analyste indépendant Henry Adigun, dénoncent « une véritable culture de l’échec des politiques publiques » au Nigeria, notamment celles conduites par une institution monétaire dont l’indépendance est sujette à caution.

Les problèmes se sont profilés dès l’annonce, le 26 octobre, de cette mesure choc destinée à maîtriser le volume d’argent liquide en circulation, lutter contre les contrefaçons et empêcher les achats de vote. Trois jours plus tard, la ministre des finances, Zainab Ahmed, déclarait devant le Sénat ne jamais avoir été consultée sur le sujet. Il est rapidement apparu que la décision était le résultat d’une concertation directe entre le gouverneur de la banque centrale, Godwin Emefiele, et le président Muhammadu Buhari.

« La CBN admet maintenant qu’elle n’avait pas anticipé les défis posés par cette mesure. Mais quand on crée un nouveau système, la moindre des choses est d’étudier tous les scénarios possibles, de parler à toutes les parties prenantes et de prévoir des leviers de contrôle », soupire Henry Adigun.

Accès aux devises sévèrement restreint
Pourtant, la CBN possède « l’un des meilleurs départements de recherche du Nigeria », selon Jibrin Ibrahim, le directeur du Centre pour le développement et la démocratie (CDD), basé à Abuja. « Leurs propres recherches montrent que le secteur informel représente 40 % de l’économie et que la population utilise principalement du liquide dans les zones rurales dont 60 % ne sont pas couvertes par le réseau bancaire », tempête l’analyste.

Or la CBN n’avait visiblement pas les capacités d’imprimer assez de nouveaux nairas pour tenir le calendrier qu’elle avait elle-même annoncé et éviter une grave pénurie de liquidités. L’échéance de retrait des anciennes coupures, initialement fixée à fin janvier, a été repoussée à la dernière minute au 10 avril.

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Autre politique, autres effets pervers : le régime de change à plusieurs vitesses, officiellement destiné à encourager la production locale en fournissant des dollars à un taux compétitif aux industriels locaux. « Mais comme le système est très corrompu, les gens bien connectés ont pu se procurer des dollars auprès de la banque centrale et les revendre bien plus cher sur le marché noir », regrette Jibrin Ibrahim. Pour tous les autres, l’accès aux devises est sévèrement restreint.

Cette situation s’est encore aggravée avec la chute des réserves de changes, essentiellement alimentée par une production pétrolière en déclin. Fin août 2022, le rationnement des dollars a provoqué une fronde des compagnies aériennes. Accusant la CBN de l’empêcher de rapatrier ses gains en devises, la compagnie Emirates a même suspendu ses vols entre Dubaï (Emirats arabes unis) et Lagos, jusqu’à ce que l’institution bancaire accepte de débloquer 265 millions de dollars. L’explosion du prix du carburant et la rareté des devises ont entraîné ces derniers mois une très forte augmentation des prix des billets d’avion au Nigeria, tant sur les vols internationaux que domestiques.

SourceLe Monde
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