[Tour Du Rwanda] Daniel Teklehaimanot: « Je Ne Suis Pas Fini »

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Daniel Teklehaimanot restera le premier coureur professionnel d’Afrique Noire, le premier à participer au Tour de France (en 2015, avec son compatriote Merhawi Kudus), le premier, encore, à porter un maillot distinctif sur la Grande Boucle, le maillot de meilleur grimpeur, cette même année. Véritable légende vivante en Érythrée, le grand Daniel s’explique enfin sur ces années de silence et évoque, à 34 ans, son appétit intact pour la compétition et le sport cycliste.

RFI: Il parait que vous avez oublié les épingles pour accrocher votre dossard avant la première étape. C’est vrai ?

Daniel Teklehaimanot: (Il rit) Non, ça n’est pas vrai, c’est une blague ! Je n’ai pas perdu la main, je suis toujours un coureur cycliste. On ne le sait peut-être pas en Europe, mais j’ai repris la compétition il y a un peu moins de 2 ans maintenant, chez moi, en Érythrée, sur des courses locales. Je n’ai jamais voulu arrêter.

Et pourtant, vous avez laissé le cyclisme de côté, à un moment ?

Je n’ai pas trop eu le choix. À la fin de mon contrat avec Cofidis, en décembre 2018, je n’ai reçu aucune proposition, je me suis retrouvé sans équipe, d’un coup. C’était dur, très dur : je voulais continuer, j’avais encore la motivation, la forme, mais personne ne voulait de moi, alors, oui, à un moment, je me suis complètement retiré du monde professionnel, des réseaux sociaux, de tout ça… Je roulais de moins en moins, parfois plusieurs fois par semaine, parfois juste le dimanche, entre chez moi et la capitale, Asmara. J’ai ensuite essayé de me mettre au duathlon, un sport qui combine vélo et course à pied, mais bon, le cyclisme, c’est mon métier, j’avais toujours ça en tête.

On sent chez vous une certaine amertume par rapport à la fin de votre carrière professionnelle en Europe. Pourtant, vous n’êtes pas totalement oublié…

(Il se ferme) Ah bon ? Par qui ? Je suis toujours triste, ça n’est pas ce que je souhaitais, mais aujourd’hui, je trace ma route. Je ne faisais peut-être pas tout ce qu’il fallait faire en dehors du vélo. L’aspect communication, réseaux sociaux, etc. ça n’est pas mon truc. Je préfère parler avec les jambes. J’ai fait ce que je devais faire, comme je voulais le faire, je n’ai pas de regrets. Et puis je ne parle pas de ma carrière au passé, je ne suis pas encore un personnage historique, je regarde devant.

Et vous avez donc repris la compétition au niveau local ?

Oui, je me suis retrouvé face à des gamins et je me suis entrainé dur pour être au niveau, j’avais besoin d’être poussé à me dépasser pour faire des résultats. Je ne voulais pas juste accrocher un dossard avec le nom « Teklehaimanot » dessus.

Cette sélection pour le Tour du Rwanda, vous ne la devez pas seulement à votre statut, il a fallu prouver que vous étiez encore en forme ?

Oui, et tant mieux d’ailleurs. Si je n’avais pas les jambes, je serais resté à la maison, il y a plein de bons coureurs en Érythrée. (Un peu vexé). Ils sont très forts, ces jeunes, mais ne vous inquiétez pas, j’arrive à les suivre. Vous pensez peut-être que je suis fini, mais moi, je me sens encore fort.

Vous êtes au Rwanda dans le rôle de capitaine de route de l’équipe nationale, mais pensez-vous aussi à jouer votre carte ?

Si l’occasion se présente, si je peux prendre une bonne échappée, pourquoi pas, mais l’idée est d’abord de rester auprès de mes jeunes coéquipiers. Pour eux, c’est la première course par étapes, donc ils ont besoin d’un guide. Je leur donne des consignes très simples : restez concentrés en permanence, soyez attentifs aux mouvements de course, etc. Ensuite, c’est leur talent qui doit parler.

En parlant de talent, voir vos « petits frères » de plus en plus nombreux dans les équipes professionnelles, cela vous doit vous faire plaisir ?

Ah oui… et contrairement à eux, je n’ai pas eu cette chance, à l’époque de mes premières années professionnelles, d’avoir d’autres coureurs érythréens ou africains, à mes côtés dans le peloton. Aujourd’hui, Henok (Mulueberhan, double champion d’Afrique) ou Biniam (Girmay, vainqueur de la classique belge Gand-Wevelgem et d’une étape du Tour d’Italie l’an dernier) sont plus forts que moi, mais d’avoir ouvert la voie, c’est vraiment gratifiant, quand même.

SourceRFI
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