Le célèbre chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly parle de cette Afrique de demain dont il rêve.
En 2004, il sortait une chanson engagée marquante avec Plus rien ne m’étonne, critiquant la colonisation et les querelles territoriales incessantes entre les pays. Un morceau qui est d’autant plus d’actualité avec la guerre en Ukraine, alors que le continent africain est pointé du doigt par l’Occident au vu de l’implantation élargie du groupe Wagner dans certains pays. Doit-on y percevoir la montée d’un sentiment anti-occidental ?
« Tout le monde est intéressé par les richesses du continent africain. Je pense donc qu’aujourd’hui, ce que nous devons avoir c’est notre liberté, notre indépendance totale. Parce que celle qui nous a été donnée est une photocopie. C’est-à-dire que pendant longtemps les Africains ne pouvaient pas choisir les gens avec lesquels ils voulaient travailler. Je pense qu’aujourd’hui c’est la reconquête de l’indépendance qui est en marche, mais je ne pense pas qu’il y ait un sentiment antioccidental » tempère le musicien. Pour lui, les Africains n’ont pas de problèmes avec les Européens mais avec le système qui les « a esclavagisés, colonisés et qui n’a pas envie de lâcher. Chacun se bat un peu pour son pain. Je pense que ni la Russie ni l’Occident ne sauveront l’Afrique. Personne ne viendra sauver l’Afrique à la place des Africains ».
Pourquoi l’Afrique est le pays de l’avenir
Le dernier opus de l’artiste dénonce la confiscation du pouvoir par les élites politiques africaines ainsi que par les instances internationales. À travers le reggae, style de musique connue pour ses revendications politiques et sociales, Tiken Jah Fakoly tente de sensibiliser la jeunesse séduite par l’Occident, sur les dangers du périple migratoire et surtout sur la valeur inestimable de l’Afrique.
« Quand je prends l’avion pour aller en Afrique, quelques fois il y a plus de blancs dans l’avion que d’Africains. Cela veut dire que cela sent bon : on sait que les Occidentaux ne viennent pas pour nos beaux yeux. Ils viennent parce qu’il y a de l’or, du cacao, des diamants et aussi parce que nous avons l’été les 365 jours de l’année. […] L’Afrique, c’est donc le continent de l’avenir. C’est le continent où tout reste à faire. Même s’il y a des difficultés, si nous nous mettons ensemble, nous pouvons exiger de nos dirigeants ce que l’on veut. C’est un peu mon message à la jeunesse ». Un des seuls manquements par rapport à l’Europe pour le musicien ? Les acquis de solidarité comme la sécurité sociale.
