« Je considère que l’Afrique est tout simplement le continent central, global, incontournable car c’est ici que se télescopent tous les défis contemporains. C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde. » Ce sont les mots d’Emmanuel Macron prononcés à Ouagadougou en 2017 et depuis la France est engagée dans de nombreux projets sur le continent et la Culture reste là encore une pierre centrale de l’édifice. Dans ces liens artistiques, la danse contemporaine tient une place importante et les instituts français soutiennent avec force les échanges entre l’Afrique et la France mais aussi le développement de la danse contemporaine africaine en Afrique. Je suis allée retrouver Taoufiq Izeddiou pour évoquer le cas particulier de la biennale de la danse en Afrique.
Créer un « chez soi » pour la danse africaine
Taoufiq Izeddiou est le fondateur et directeur du festival en marche et s’est occupé cette année de la Biennale de la danse africaine qui sera présentée au mois de novembre à Maputo. Selon lui, il y a une véritable nécessité de recentrer sur le continent africain les manifestations de danse contemporaine africaine.
“Au moment où l’Europe est en train d’abandonner la création de la danse africaine, l’Afrique est en train de l’accueillir parce qu’il y a une nécessité et un besoin. Nous avons besoin de ces questions sur la place du corps dans l’espace intellectuel et public.” Taoufiq Izeddiou
D’abord dirigée par l’Institut français, la Biennale de la danse africaine a été reprise par un comité panafricain, dont les membres représentent toutes les régions du continent. Leur objectif est de créer un marché pour la danse contemporaine en Afrique, en encourageant les festivals qui existent déjà à devenir de véritables plateformes de visibilité et de diffusion.
“Si nous n’arrivons pas à créer des antennes internationales ici en Afrique, avec des espaces de laboratoires des corps, nous ne pouvons pas être repérés dans notre société même vis-à-vis des politiques, nous resterons toujours underground ou toujours chez l’autre.” Taoufiq Izeddiou
Prise d’espace public
“Il faut prendre l’espace, il ne faut pas laisser l’espace se faire manipuler que par d’autres, parce que les absents ont tort.” Taoufiq Izeddiou
Grâce au festival ON marche, dont il est le fondateur, Taoufiq Izeddiou travaille dors et déjà à la visibilisation des pratiques de la danse contemporaine dans l’espace public. Le programme s’accompagne d’actions de pédagogie ou de sensibilisation, afin de rendre accessible les enjeux et le vocabulaire de la création artistique à tous et toutes.
Cette démarche consistant à sortir la création contemporaine de ses lieux privilégiés est, selon Taoufiq Izeddiou primordiale, car elle permet de ne pas perdre le sens du public. En plus du festival, il existe aussi tout au long de l’année des “Nafass on marche”, ouvert à tous les âges et tous les corps qui permet d’élargir progressivement le public à la pratique.