Le royaume du Ouaddaï, qui peut encore s’écrire Wadaï, est un ancien puissant empire jouxtant le Kanem-Bornou. Il était implanté dans la zone qui correspond à l’actuel partie Est de la République du Tchad. Le territoire existe encore aujourd’hui mais comme simple chefferie traditionnelle administrée par le gouvernement moderne du Tchad.
Naissance du royaume
L’on retrace la fondation de ce royaume au 14e siècle. D’après les historiens c’est l’ethnie Toundjours qui fonda ce royaume. Le premier gouvernant du Ouaddaï, Le prince Abd al-Karim, était naturellement issu de cette ethnie. Il était par ailleurs le descendant de l’oncle du prophète Al-Abbas Ibn Abd Al-Muttalib.
La première capitale fut Ouara. Ensuite, vers le 18e siècle, elle fut déplacée à Abéché. Le Sultan de cette époque, Mahamat Chérif, s’enfuit de Ouara à cause du voisinage de la puissante tribu de Kodoi qui lui était hostile. Il masqua sa fuite en disant au peuple que l’ancien château royal, hanté par de vilains esprits, était devenu inhabitable. C’est ainsi que Abéché fut choisi sur proposition de l’imam Al Djazouli.
Apogée du royaume du Ouaddaï
Pendant de nombreuses années, le royaume a été le siège d’un puissant pouvoir, un centre commercial prospère et un espace intellectuel rayonnant. C’est en 1804, pendant le règne de Muhammad Saboun, que le royaume a entamé son expansion et son pouvoir. Bien que jouissant d’une position stratégique, à cheval sur les routes commerciales transsahariennes, le Sultan Saboun découvre une nouvelle route commerciale vers le nord. Il créa des caravanes royales pour en profiter. Il frappa sa propre monnaie et importa des armes à feu et de conseillers militaires de l’Afrique du Nord.
Le sultan Chérif quant à lui, mena des expéditions militaires et réussit à affaiblir le Kanem et a y imposé l’hégémonie de Ouaddaï. En plus du Kanem, il a soumis plusieurs autres royaumes. Notamment, le Baguirmi. Cette puissance militaire a permis au royaume de capturer des esclaves et d’intensifier son commerce avec l’Afrique du Nord et l’Empire Ottoman. Entre le 18e et le 19e siècle, le Ouaddaï est un royaume craint et respecté.
Déclin du royaume
Comme dans beaucoup d’autres royaumes en Afrique, le déclin est venu de l’occident. Ici au Ouaddaï, les forces françaises arrivèrent par l’Ouest. En provenance de Fort Lamy, elles se sont rendues vers le Nord et l’Est. La résistance fut extrêmement farouche dans un premier temps. Pour parcourir les 800 Km (de Fort Lamy a Abéché), les troupes coloniales ont mis 9 ans de guerre et la capitale du Ouaddaï fut prise le mercredi 2 juin 1909.
Par la suite, c’est la France qui a commencé à désigner les souverains du royaume. Quand l’un d’eux ne remplissait pas dûment les tâches assignées, il était tout simplement remplacé. Le royaume fut définitivement supprimé en 1912. Aujourd’hui, le Ouaddaï est une des 23 régions du Tchad, mais le chef-lieu est resté Abéché.