Décembre 2022. Un avion allemand se pose sur le tarmac d’Abuja, capitale du Nigeria. A son bord, une précieuse cargaison : vingt bronzes du Bénin pillés lors du raid punitif mené en 1897 par les troupes britanniques, que l’Allemagne s’apprête alors à rendre au Nigeria. L’acte symbolique consacre la restitution, actée en juillet 2022, de 1 100 bronzes de Benin City détenus dans les collections germaniques.
Un mois plus tôt, c’était le Horniman Museum de Londres qui organisait une cérémonie pour accompagner le transfert de propriété de 72 objets au Nigeria. La même année, en février, au moment où le Bénin fêtait en grande pompe le retour au pays de 26 objets du trésor d’Abomey restitués par la France, la Belgique envoyait à la République démocratique du Congo l’inventaire numérique pour étude des 85 000 objets détenus dans les collections fédérales, préambule à l’adoption en juillet dernier d’une loi fédérale de restitution.
Un inexorable mouvement de réparation secoue désormais l’Europe. « Ce qui semblait mission impossible est devenu possible », se réjouit l’historienne française Bénédicte Savoy, qui salue la « fin du déni colonial ».