L’Afrique comprend 54 pays à l’histoire, aux cultures et aux traditions différentes. La richesse de ses multiples cuisines est tout aussi vaste, et leur legs est marquant dans plusieurs cultures culinaires du monde.
Goûter pour s’instruire
Rencontrée dans le cadre de l’événement Good Food for All, présenté à l’Exposition universelle de Dubaï l’an dernier, l’experte en nutrition et entrepreneuse nigériane Ndidi Okonkwo Nwuneli expliquait l’importance de changer le discours à propos des cuisines africaines.
« Oui, il y a de la malnutrition et de la famine en Afrique, mais ce n’est pas la seule réalité. Et cela fait de l’ombre au riche héritage culturel africain et à son lien intime avec l’alimentation mondiale. »
Elle donne alors l’exemple du gombo (okra). Apporté par les esclaves africains, il fait aujourd’hui partie intégrante de plusieurs cuisines des Amériques. La comparaison entre un plat de gombo (soupe) aux fruits de mer, typique de la cuisine nigériane, et un gombo en Louisiane illustre bien l’influence africaine.
« Malgré tout, lorsqu’on regarde le classement d’appréciation des cuisines du monde, il est surprenant de constater qu’un continent de 54 pays est regroupé en une seule cuisine, et il se retrouve très bas dans la liste, ajoute-t-elle. Pourtant, la cuisine africaine est riche et variée. Et plusieurs aliments que nous adorons proviennent de l’Afrique, comme les noix de cajou et le cacao. »
L’année du mil
En effet, bon nombre de denrées que nous consommons régulièrement sont originaires de l’Afrique. Pensons seulement au café ou à l’huile de palme — aujourd’hui majoritairement produite en Indonésie ou en Malaisie et présente dans la plupart des aliments ultratransformés.
De plus, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a nommé 2023 l’Année internationale du mil, étant donné ses qualités nutritionnelles et sa capacité d’adaptation aux changements climatiques. Dans la famille du millet, le mil — aussi appelé fonio — est connu de certaines cuisines africaines. Il peut notamment être préparé entier comme du riz, sous forme de farine pour en faire des galettes ou transformé en bière.
Les propriétaires Solange Pati et Alain Tanoh du restaurant Maquis Yasolo, dans le quartier Saint-Henri, à Montréal, célèbrent justement l’héritage culinaire et les diverses identités noires du Québec. « En Afrique de l’Ouest, on consomme surtout le mil en dessert, en couscous ou en bouillie, un peu comme le gruau », explique Solange Pati.
Au menu de leur brunch à l’africaine, offert les fins de semaine, on peut justement goûter au dégué (ou thiakry), un dessert originaire de l’Afrique de l’Ouest à base de couscous de mil, de lait caillé (ou yogourt) et de sucre vanillé. Il suffit de passer les portes d’un restaurant ou d’une épicerie africaine, peu importe la région mise en valeur, pour constater à quel point les cuisines sont multiples et uniques à la fois.
Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, le restaurant Maquis Yasolo et la ferme Jardins Lakou offrent les ateliers et découvertes gastronomiques Traditions culinaires et héritages africains.