Quatre ans plus tard, à l’occasion de la sortie de son magnifique disque, 1958, le quotidien anglais de référence, The Guardian, écrit qu’il est « l’un des chanteurs et musiciens africains les plus inventifs et singuliers. »
« Je veux essayer de briser ce mythe qui voudrait que l’artiste africain est enfermé dans la musique traditionnelle. Comme les autres continents, l’Afrique a aussi une musique classique, une musique contemporaine. Je voudrais vraiment me positionner comme cet artiste africain qui va explorer des espaces où on l’attend le moins. Je me considère comme un artiste africain avant-gardiste. » « Avant-gardiste », mais absolument pas inaccessible. La musique de Blick Bassy est un blues futuriste teinté de soul à la portée universelle grâce à la douceur de sa voix et à la qualité de ses mélodies.
Ce nouveau disque, Mádibá, est moins épuré et organique que 1958. « J’ai voulu partager avec le public ce que je fais sur scène depuis plusieurs années en matière de transformation sonore via des pédales et d’autres éléments. » (…) « Et puis j’aime bien sortir de ma zone de confort pour aller chercher ma créativité et me renouveler. » Ce disque est co-arrangé avec un autre explorateur sonore, l’artiste français Malik Djoudi, et a été co-réalisé avec son binôme et complice Romain Jovion.
Mádibá veut dire « eau » en douala, mais sinon l’artiste camerounais chante dans sa langue natale, le bassa. Cet album agrège des fables écrites par Blick Bassy qui visent, souligne-t-il, à nous amener à « reconsidérer notre relation au vivant ». Mais comment passer un message largement dans un dialecte seulement parlé par deux millions de personnes à travers le monde ? « Même quand on ne comprend pas, pouvoir vibrer à travers des sonorités est aussi un moyen essentiel de se connecter à l’autre », défend-il.
Le bassa lui permet aussi « grâce à ses intonations, à ses tonalités, de créer des mélodies qui lui sont propres et, en tant qu’artiste, d’apporter quelque chose dans la création et la créativité mondiale. »
