BeBe Zahara Benet, Le Pionnier De l’African Touch Dans Le Milieu Drag

Must Read

« J’ai toujours su que j’allais devenir un artiste, ça a toujours été mon objectif de vie ! » s’exclame BeBe Zahara Benet, souriant et débordant d’énergie. L’artiste drag natif du Cameroun vit à fond son rêve, son « grand voyage » comme il le définit, qui l’a mené de l’Afrique aux États-Unis, il y a de cela vingt ans déjà, pour en faire aujourd’hui une star.

Né à Yaoundé en 1980, le jeune Nea Marshall grandi dans une famille où l’art est un pilier, de la peinture à la danse, en passant par la musique. Un environnement qui éveille l’envie de ce fils de diplomate à vouloir écrire, danser, et chanter. « Mon père voyageait pour son travail, et il revenait avec des cassettes des endroits qu’il visitait : les États-Unis, la France, et d’autres pays africains » précise-t-il, « j’écoutais Miriam Makeba, Youssou N’Dour, mais aussi Whitney Houston, dont j’ai admiré tout de suite la voix. Mais aussi David Bowie et Elton John, qui développaient leurs propres personnalités artistiques par leur image, leur costume. Ce méli-mélo de genres est la base de mon expression artistique ».

Il exprime sa créativité dès ses premières années de scolarité, en jouant plusieurs instruments de musique, mais aussi en rejoignant la chorale. Nea Marshall se nourrit de l’art, et veut déjà imposer sa patte, malgré les réticences de certains. « On me voyait un peu comme un extra-terrestre, comme un artiste ‘hors codes classiques’, mais j’ai toujours voulu montrer de quoi j’étais capable, et que mon talent avait aussi le droit d’être visible », affirme-t-il. « J’ai toujours été très engagé, et personne n’allait m’empêcher de poursuivre mon rêve ».

Dès la fin du lycée, à 19 ans, ses parents décident de l’envoyer aux États-Unis, afin qu’il y poursuive ses études supérieures et qu’il devienne médecin ou avocat. Il quitte son pays natal pour Minneapolis. Le choc est important, mais Nea Marshall voit ce départ comme une opportunité de vivre son rêve d’artiste. « Ça a été un gros choc. Le climat est glacial, c’était un nouveau monde » se souvient-il, « mes parents pensaient : il y va pour ses études, mais pour moi, c’était : je vais avoir la possibilité de vivre mon rêve américain et devenir un grand artiste ! (rires), mais je ne pouvais pas leur dire ».

Lors des premiers mois au pays de l’Oncle Sam, un ami lui propose d’aller voir un spectacle de drag queens. Le jeune Camerounais à un coup de foudre. « Je n’y connaissais rien, et j’étais dubitatif avant d’y aller. Mais lorsque j’ai vu toutes ces couleurs, les costumes, les chansons, j’ai halluciné ! Tellement ébahi que je ne me rendais même pas compte qu’ils chantaient en playback ! » se rappelle-t-il, « toutes les pièces de mon puzzle se sont jointes, et j’avais enfin réalisé que le monde drag était celui qui me correspondait le mieux ». Son rêve américain ne fait que commencer…

La conquête de l’Amérique et des rêves d’Afrique

Le jeune Africain trouve enfin sa voie artistique, et met tous les moyens de son côté pour devenir un artiste à part entière. En 2000, il participe à son premier événement Drag en remplaçant un artiste malade, puis trouve son nom de scène, BeBe Zahara Benet.

Peu de temps après, il se produit au célèbre Gay 90’s bar de Minneapolis aux côtés d’une certaine…Cindy Lauper ! « Ce moment-là, c’était un premier pas qui me montrait que je pouvais vivre à 100% de mon métier, et chanter Girls Just Want to Have Fun avec une idole comme Cindy. Ça marque ! Ça m’a donné encore plus de motivation pour avancer, et pour m’affirmer dans l’industrie du spectacle » précise-t-il.

Il enchaîne les compétitions de Miss US of A à travers le pays, LE concours drag qui fait fureur à cette période, et en 2009, alors qu’il est en pleine Gay Pride de Minneapolis, une nouvelle rencontre vient changer sa vie. Dans le public, Ru Paul, une drag queen incontournable qui a lancé sa propre entreprise de production, vient lui proposer d’intégrer le casting du pilote de la Ru Paul’s Drag Race, une télé-réalité sur les artistes drag.

« J’étais hésitant au départ, et ils ont dû me relancer trois fois pour que je vienne. Non pas que je faisais ma diva, mais je me posais des questions. Lorsque Ru Paul est directement venu me voir en coulisses, je me suis dis : s’il me le dit, c’est que je dois valoir le coup d’intégrer l’émission ! » rigole-t-il encore aujourd’hui.

Les épisodes démarrent, le succès est immédiat. Les fans adorent les costumes de léopard, les touches africaines des performances de BeBe, et alors que Ru Paul prolonge l’aventure avec Logo TV, la chaine qui diffuse (encore aujourd’hui !) l’émission, le Camerounais marque l’histoire en devenant le premier vainqueur de cette télé-réalité, la première du genre.

Le phénomène BeBe prend de l’ampleur, et l’artiste enchaine les performances dans les différentes scènes du pays, part en tournée, et marque les esprits par ses influences variées, de Diana Ross à Whitney Houston, en passant par les sons afrobeats et africains qui rythment ses performances. « Je mettais des sons africains sur mes compositions et sur mes spectacles bien avant tout le monde, et lorsque je vois qu’aujourd’hui, des artistes comme Burna Boy ou WizKid qui font bouger les foules aux États-Unis, je me dis que j’étais un peu avant-gardiste ! », sourit BeBe.

Il signe son premier single en 2010, I’m the sh*t puis un second quelques mois plus tard Cameroon en hommage à sa terre natale. Il poursuit sur sa lancée avec deux nouveaux singles en 2012 (Dirty Drums) et en 2014 (Face), de grands succès, mais BeBe s’implique aussi dans plusieurs initiatives sociales, en faisant des concerts pour la cause LGBT, mais aussi en intervenant dans des émissions de télévision sur le sujet drag et les discriminations faites aux minorités.

« Je suis quelqu’un d’engagé, je veux faire bouger les lignes », affirme-t-il, « je suis un artiste drag, africain, camerounais, et fier de pouvoir être un acteur qui veut une société équitable ». BeBe est l’un des moteurs de la montée en puissance de la visibilité du monde drag dans les médias, mais veut continuer à faire plus.

Comédie musicale

En 2020, avec d’autres drags issus des communautés africaines et afro-américaines, il lance Nubia, une comédie musicale qui met en valeur l’histoire musicale noire à travers les âges. « Miriam Makeba, Diana Ross, on a mis des sons africains, des musiques afro-américaines pour rendre hommage à celles et ceux qui font connaitre les titres des artistes noirs des États-Unis, mais aussi d’Afrique », souligne-t-il, lui, qui porte des tenues utilisant des tissus africains durant les parties sur lesquelles il se produit.

Le succès est immédiat, et la quinzaine de dates programmées à New York font salle comble. La pandémie vient stopper une tournée en cours de préparation, mais ce n’est que partie remise. À partir du 5 juin, le Nubia tour reprend de plus belle, avec une quarantaine de dates à travers le pays, pour le plus grand bonheur de Bebe, qui voit au-delà des frontières. « J’aimerais que Nubia puisse se réaliser aussi en Afrique, chez moi, au Cameroun. C’est un rêve, même si je sais que ce ne sera pas tâche aisée », précise-t-il, avant de conclure « mais comme vous le savez, je n’ai pas l’habitude de ne pas aller au bout de mes rêves ! ».

- Advertisement -spot_img

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

- Advertisement -spot_img
Latest News

Guinée-Bissau: Des Femmes Détruisent Un Site Chinois

En Guinée-Bissau, plusieurs centaines de femmes ont mis le feu dimanche à des installations gérées par un groupe chinois...
- Advertisement -spot_img