« En termes d’instruments de musique, aucun n’est interdit dans nos paroisses. Les instruments sont là pour accompagner les chants, cela doit être modéré, explique le père Raoul Béogo, prêtre du diocèse de Tenkodogo, dans la région du centre-Est du Burkina Faso. Ce que nous demandons aux instrumentiste, c’est de vivre la messe et la liturgie tout en jouant. Il ne faut pas jouer, danser, sans écouter les paroles, surtout dans le bruit » .
Comme le père Béogo, nombreux sont les prêtres et catéchistes qui côtoient dans leurs églises des instrumentistes lors des messes et des célébrations diverses. À la paroisse Saint-Pierre de Gounghin, dans le centre de Ouagadougou, le père Réné Zoungrana, plus de 60 ans de sacerdoce à son actif, a connu l’avènement de différents types de musique mettant en lumière plusieurs instruments. « Ces instruments viennent de différentes cultures de peuples qui composent l’Église ».
Dans sa jeunesse, se souvient le prêtre, c’étaient le djembé et castagnettes faites à base de calebasse et de cauris et des flûtes qui étaient en vogue. Les instrumentistes étaient ceux qui avaient été initiés. Les chants chorals quant à eux, étaient réalisés en langues locales.
Instruments traditionnels
Dans les 13 diocèses du Burkina Faso, chaque peuple, a apporté à l’église différents instruments. Marsien Somda, originaire du diocèse de Dieboudogu, aujourd’hui choriste à la paroisse Jean-XXIII, au cœur de Ouagadougou explique : « l’essentiel c’est de puiser de nos cultures les tenues et les instruments pour louer Dieu ». Vanne Marcel Ouoba, ancien séminariste, maître de chant et responsable de chorale met un bémol. « Il faut éviter la dépravation dans le jeu des instruments et les chants profanes, il faut les utiliser selon le rythme, et en fonction des textes du jour, prévient-il. Nous enseignons aux choristes de faire entendre les paroles, de méditer les textes et de les faire vivre aux fidèles. Il faut éviter des chants chorals s’inspirant des rythmes mondains. »
Dans les paroisses du Burkina Faso, les chorales francophones optent pour les instruments de musique moderne avec, notamment des fanfares, des pianos et batteries. Il s’agit d’une demande des jeunes chrétiens, qui s’identifient à la liturgie francophone. Les personnes âgées préfèrent quant à elles, des instruments traditionnels comme les tambours, les flûtes. « Chacun trouve son compte, commente Philomène Kombaté, choriste à Bethléem, cathédrale. À la fin c’est le Christ qui gagne ! »