Un Ouvrage Du PCNS Sur L’Apport De La Culture Marocaine Au Soft Power Culturel Africain

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Dans ce beau livre, le PCNS a réuni les réflexions d’une trentaine de contributeurs de différents horizons du monde de la culture pour recueillir leurs analyses sur l’apport de la culture marocaine au soft power culturel africain dans les différents genres de la production culturelle. Selon le PCNS, l’objectif de cet ouvrage est «de faire découvrir, d’analyser et de documenter la dimension africaine de la culture marocaine, ses œuvres ou ses signes méconnus du grand public».

Dimensions africaines de la culture marocaine
«L’identité africaine de la culture marocaine» se divise en trois niveaux d’expression. Le premier analyse les différentes dimensions (anthropologique, économique, politique et historique) des liens et des traces de l’Afrique dans la culture nationale. Selon l’écrivain et chercheur Driss Ksikes, contributeur à l’ouvrage, l’africanité dans toutes ses composantes n’a pas été canonisée. «Le problème sur l’africanité du Maroc est que le sujet est appréhendé à partir du Maroc avec un regard marocain, mais dans un Maroc qui est coupé par le Sahel, le désert et le protectorat de l’Afrique subsaharienne. Cette configuration ne nous permet pas d’appréhender notre propre histoire. Pour désamorcer cette impasse, il est important d’effectuer un travail de dénombrement pour mieux se situer, et de ne pas avoir une posture arrogante vis-à-vis de notre propre continent», souligne-t-il. Selon Larbi Jaïdi, «Il est important de s’intéresser à comment le Maroc a contribué à façonner la culture africaine, et aussi comment il est imprégné par cette dernière. Il importe aussi de comprendre comment l’Afrique se positionne dans cette compétition mondiale, tout en préservant son passé et en vitalisant son identité.»

Actions infrastructurelles pour encourager l’échange culturel
Le second niveau d’expression de l’ouvrage est celui des actions infrastructurelles porteuses de la dimension culturelle africaine. Des professionnels soutenant l’échange culturel africain, tels que Ghitha Triki, Neïla Tazi et Mohamed Benabid, partagent dans ce livre leur réflexion autour de la diffusion des œuvres, des mises en relation des artistes et des liens avec le public. S’agissant du patrimoine culturel africain, Nezha Alaoui M’Hammdi, Senior Fellow au PCNS, rappelle que la grande partie de cet héritage se trouve aujourd’hui en Europe. «Le Bénin est même en train de jouer un rôle précurseur en la matière. Sinon, ce mouvement de revendication avec les anciennes puissances coloniales est même en train de donner lieu à une richesse et à l’existence d’une industrie créative et culturelle. Ce n’est pas automatique, car le rapatriement d’une culture, voire d’un patrimoine national, n’a pas le mérité d’exister juste en soi.

C’est pourquoi il est important d’associer les jeunes et la société civile à ce que ce patrimoine représente». Pour elle, il est intéressant d’élaborer des politiques publiques dans le domaine culturel. Cela pourra à moyen et à long terme prendre la forme de politiques publiques communes africaines, capables de faciliter des projets à l’échelle régionale et continentale, ainsi que d’assurer la libre-circulation de la créativité africaine. Nezha Alaoui M’Hammdi insiste également sur l’importance de transformer l’art africain de l’artisanat pour le faire évoluer vers quelque chose de plus élaborée qui converge vers des normes et qui prend place à l’international.

Des portraits illustrant l’attachement à l’identité africaine
La troisième partie de l’ouvrage est consacrée à des portraits d’artistes marocains ayant exprimé dans leurs œuvres le côté africain du Maroc. On retrouve ainsi des témoignages de critiques d’art passionnés, des portraits de grands noms dans la musique, le cinéma… tel que feu Noureddine Saïl, pionner du 7e art marocain. «Ces portraits racontent l’apport d’artistes marocains à la création culturelle africaine et leur rencontre avec le continent», indique un texte de Larabi Jaïdi et Karim El Aynaoui, président du PCNS.

Selon Ahmed Aydoun, musicologue et docteur en économie de la culture, «la musique constitue un élément constitutif de l’identité africaine du Maroc, et l’exemple des Gnaoua est très révélateur». Il attire l’attention sur l’importance d’un marché où les Africains puissent explorer leur patrimoine musical et se reconnaître entre eux-mêmes. Ahmed Aydoun incite à explorer l’identité africaine de la musique marocaine.
Selon Larbi Jaïdi et Karim El Aynaoui, «L’identité africaine de la culture marocaine» vise à encourager les artistes, professionnels et acteurs culturels à développer des cadres d’analyse pour rehausser la place des arts dans nos sociétés. Il appelle à des actions pour améliorer le statut des artistes et veiller à ce que les politiques publiques et les programmes de développement économique soutiennent le secteur culturel.

Karim El Aynaoui, président du PCNS : «La culture ne renvoie pas à l’imitation, mais à l’innovation, qui renvoie aux conditions d’émergence»
Un ouvrage du PCNS sur l’apport de la culture marocaine au soft power culturel africain

«La culture constitue une manifestation de Soft Power, car elle permet de connecter les identités des nations. Les pays africains sont submergés par de nombreux défis. Cependant, la culture peut contribuer à maintenir les fors intérieurs, dans la mesure où ils sont mesurables et non actionnables. Le sujet de la culture intéresse le PCNS dans le contexte du continent africain. En vrai, l’Afrique est un continent immense et certains espaces nous sont encore méconnus. En outre, la culture fait référence à l’innovation, la créativité, la discussion et la liberté. Il s’agit de facteurs de compétitivité. C’est pourquoi il est important d’appréhender le sujet avec une dimension stratégique. La culture ne renvoie pas à l’imitation, mais à l’innovation, qui renvoie aux conditions d’émergence.»

SourceLe Matin
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