Mélange de styles architecturaux romano-byzantin et algérien, l’édifice, construit en 1436, a subi une restructuration et un agrandissement en 1794, sous le règne du dey Hassan d’Alger, à qui il doit sa forme actuelle. Selon un document de l’administration des wakfs, la mosquée existe depuis 1612, et qu’elle se situe près d’une source, appelée «plateau de chèvres», d’où elle tire son nom turc «Ketchaoua». En 1832, la mosquée est réquisitionnée par le corps expéditionnaire colonial pour être affectée au culte catholique, malgré la farouche résistance de milliers d’algériens, qui se sont retranchés dans la salle de prière, pour exprimer leur opposition. Impitoyable, le duc de Rovigo, commandant des troupes d’occupation, donne l’ordre à l’artillerie de tirer sur l’édifice, entrainant beaucoup de morts et de blessés dans les rangs de la population. Depuis, la mosquée Ketchaoua est devenue un lieu de culte chrétien, une église qui sera ensuite élevée au rang de cathédrale Saint-Philippe, une appellation qu’elle gardera jusqu’à l’indépendance en 1962, où elle est redevenue une mosquée. Le vendredi 2 novembre de la même année, le premier sermon religieux est prononcé à Ketchaoua, par le savant cheikh El Bachir el Ibrahimi, histoire de marquer l’événement.Tout au long de son existence, la mosquée Ketchaoua a subi des travaux d’aménagement en intérieur et en extérieur, soit à titre de restauration, soit pour opérer des transformations majeures, rappelle-t-on. Après l’échec d’un projet de restauration et de reconversion de l’édifice, durant les années1830, la mosquée a été rasée pour ériger à sa place une cathédrale. Les travaux qui ont duré jusqu’en 1860, puis se sont prolongés jusqu’en 1890. Ainsi, le corps basilical de l’édifice est plus allongé alors que la façade est dotée de deux tours de campanile et d’un escalier monumental à l’image des églises. Teinté de style algérien, le cachet architectural de la façade a été réalisé durant cette époque. Enfin, certains versets coraniques, ornant la salle de prière, ont été conservés à cause de leur message. En 2008, des travaux de consolidation ont été engagés par les pouvoirs publics pour freiner la dégradation des tours de la façade de l’édifice, suite au séisme de 2003. Début 2015, l’agence turque de coopération et de coordination TIKA a entamé d’importants travaux de restauration et de consolidation de l’édifice, qui dureront jusqu’en avril 2018, date de la réouverture officielle de cette importante mosquée qui fait la fierté d’Alger et du pays.