Kayawoto, Le Battant Du Rap Burkinabè

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RFI Musique : Avant toute chose Kayawoto, pouvez-vous nous confirmer votre nationalité ?
Kayawoto : (Rires) Je sais pourquoi vous me posez la question. D’ailleurs, on me le demande souvent. Je suis burkinabè de père et de mère. Mes grands-parents aussi sont du Burkina Faso. C’est juste que moi, je suis né en Côte d’Ivoire et j’ai quitté le pays à l’âge de sept ans (rires).

Vous êtes de passage en France pour une tournée des festivals. Un accomplissement pour vous ?
Oui ! Je le dis avec fierté, je représente le Burkina Faso. C’est la première fois que je viens pour une telle tournée. J’étais au festival Les Eurockéennes à Belfort, devant un public qui ne connaît pas forcément ma musique et pourtant ceux qui étaient là se sont montrés réceptifs. Juste avant ça, j’ai joué à Marseille au Makeda et c’était incroyable ! Ensuite, j’ai bouclé la boucle avec un concert 100% burkinabè à Paris au Pan Piper. Ce que je ressens là est indescriptible. Je suis très reconnaissant de tout ce que je vis actuellement. Si c’était à refaire, je signerais tout de suite ! (Rires)

On vous sent ému. D’autant plus que ce n’était pas évident pour vous d’arriver jusque-là dans la musique…
Oui, c’est peu de le dire ! Depuis que je suis petit, j’ai fait beaucoup de petits boulots qui m’ont appris l’école de la vie. J’ai été mécanicien, électricien, maçon, plongeur dans la restauration et surtout, j’ai travaillé dans les mines d’or. Au Ghana et au Togo, j’ai été chauffeur et je chargeais les marchandises dans les poids lourds. Pendant que je traversais tout cela, ce qui me faisait tenir, c’était le rap, la musique que j’écoutais. Il faut savoir que dans mon village, à Zamsé (Burkina Faso), personne ne chantait là-bas et lorsque je me suis lancé, personne ne croyait en moi, excepté ma maman. Je suis le premier de ma famille à faire ce travail. Après tout ce que j’avais traversé, je ne pouvais pas tomber plus bas en choisissant de m’essayer au rap.

Et c’est comme cela que vous avez créé votre monde imaginaire, le « Maouland » ? Qu’est-ce que c’est ?
Le Maouland c’est ce qu’on appelle en Côte d’Ivoire « les grouilleurs ». Au Burkina Faso, on dit « les battants » ou « les débrouillards ». J’ai choisi ce nom pour mes fans parce que je sais que beaucoup vivent ce que moi, je vivais avant. Ils donnent tout pour leur famille et se battent matin, midi et soir dans un travail honnête.

Est-ce que vous vous attendiez à ce que l’album Mouland II marche autant que le précédent ?
Honnêtement, même si j’ai travaillé énormément pour sortir ce projet, je suis quand même agréablement surpris de la façon dont le public l’accueille. J’étais tout de même très sûr de moi en studio et je me disais que quand l’album allait sortir, j’allais cartonner avec ce projet, car je voulais faire le tour du monde pour le défendre. Et on y est, là.

Que dites-vous dans Maouland II que vous n’avez pas pu dire dans Maouland ?
J’ai abordé des thèmes un peu plus matures, par exemple dans la chanson Pougdougba où je parle des femmes qui ne savent pas cuisiner (rires). Cette chanson est très appréciée du public d’ailleurs, et je dis dedans que dans notre société beaucoup de jeunes filles ont le temps pour se maquiller et passer du temps sur internet devant les influenceuses, mais elles ne veulent pas apprendre à faire la cuisine. Moi, je l’ai vécu chez mon oncle. Il avait une femme qui ne savait pas préparer, on était obligé de manger en silence, de toute façon, on ne participait pas aux dépenses du foyer (rires). Je parle aussi de l’orpaillage, le fait que tu peux perdre la vie dans les mines d’or chaque fois que tu entres dans un trou et que la terre peut s’effondrer sur toi. J’ai aussi évoqué la difficulté de se marier quand on est jeune à cause des coutumes. Ça devient de plus en plus cher d’épouser une femme dans notre société parce qu’il faut avoir suffisamment d’argent pour les festivités. Rien qu’à Ouagadougou, tu dois payer l’essence de toutes les motos de tes gars pour faire le tour de ville. J’espère qu’on va y arriver (rires).

Vous écrivez tous vos textes en mooré ?
Il faut savoir qu’au Burkina Faso, on parle le fulfuldé, le dioula et le mooré. Ma langue, c’est le mooré, donc je chante beaucoup plus dans ma langue, mais il arrive que parfois, je chante en fulfuldé ou en dioula. Quand j’arrive aux Eurockéennes et que je chante en mooré, c’est une grosse fierté pour moi. Je me dis que ça contribue à l’essor de mon pays et j’ai envie de continuer à propager cette langue partout.

Quels sont les projets à venir ? Y aura-t-il un Maouland III ?

Il y a déjà le stade de Ouagadougou que je vise pour un grand concert. Ensuite, on va aller à Bobo Dioulasso et Koudougou pour y faire aussi de grands concerts. Et, je peux déjà vous annoncer que le troisième album arrive bientôt. Il s’appelle Conquérant ! Tenez-vous prêt !

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