Le bâtiment principal (généreusement climatisé à 18°C, n’oubliez pas vos passe-montagne !) abrite l’exposition permanente, où on peut, moyennant un droit d’accès très modique, contempler diverses pièces datant de la préhistoire (outils paléolithiques et néolithiques, scories de métallurgie primitive) jusqu’à la période la plus récente (bureau présidentiel, sculptures contemporaines…), en passant par un crâne d’éléphant monumental (hélas la seule pièce qu’on est autorisé à photographier), qui attire immanquablement le regard au centre du hall. Une large place est faite à l’histoire du pays grâce aux nombreuses photos anciennes et panneaux didactiques qui jalonnent les murs et orientent la visite.
Mais le plus intéressant, c’est les divers objets significatifs de la culture et des coutumes des différents groupes ethniques de la Côte d’Ivoire, qui déborde largement sur les pays voisins (car les limites ethniques sont très loin de coïncider avec les frontières politiques décidées de manière plus ou moins arbitraires lors de la décolonisation). Ces pièces, en bois, en métal, en tissus et divers matériaux, toujours lourdement chargées de symboles et de signification, vont de l’utilitaire (récipients, outils, mobilier, porte) à l’artistique (statues) en passant par les rituels (nombreux masques) et les symboliques (attributs des rois et des chefs, statues de fécondité, monnaies…), sans oublier quelques instruments de la colonisation et de la traite négrière (chaînes, entraves, armes…). La plupart de ces objets ont été collectés dans la première moitié du XXe siècle.
Tous ces objets sont significatifs d’un sens esthétique poussé et caractéristique de chaque groupe ethnique. On restera en arrêt devant deux statuettes anciennes en pied dont les profils des visages convergent étonnamment avec ceux qu’on voit dans la statuaire grecque ancienne.
On s’amusera aussi des terrifiants masques Wê (Ouest), reconnaissables entre tous, et on notera les masques Dan au visage lisse et caractéristique, mais aussi des pièces exceptionnelles comme les rares masques Zamblé et un splendide masque Zaouli (Gouro), dont le visage entouré de deux serpents frise la perfection. On ne peut pas tout citer ici, disons simplement que le néophyte découvrira la richesse des cultures traditionnelles de la Côte d’Ivoire et le connaisseur pourra contempler des pièces qu’il ne verra nulle part ailleurs… même pas ici, puisqu’on n’a pas le droit de les photographier !
Derrière le bâtiment principal, un bâtiment en U, lui aussi restauré, abrite les bureaux de l’administration du musée. Son impressionnant péristyle est constitué de remarquables piliers de bois sculptés, qu’il faut examiner un par un. Malheureusement, la perspective a été gâchée par la construction d’un bâtiment sans personnalité au centre du U, destiné aux expositions temporaires.
Le jardin lui-même ne manque pas d’attraits. Outre les diverses œuvres très contemporaines et bariolées qui font face au bâtiment principal, son mur d’enceinte est peint sur tout son périmètre de fresques colorées rappelant l’objet du lieu.