« Je suis Leuna-Njiele Noumbimboo, je suis artiste peintre. J’exerce sur la scène nationale et internationale depuis cinq ans. » L’artiste est à Paris pour la première fois de sa vie. Invitée à Akaa grâce à un partenariat entre la foire et l’Institut français de Douala. « Jusqu’ici, la majorité des gens qui ont pu acquérir mon travail, ce sont des Camerounais et des Africains. Peu sont encore des Européens ».
Akaa est pour elle une potentielle rampe de lancement. Car dans les travées encombrées de la foire se croisent collectionneurs, institutions culturelles et galeristes en quête de nouveaux talents. Véronique Rieffel, fondatrice de la Galerie parisienne qui porte son nom, vient à Akaa depuis quatre ans. « Pour tous les amoureux des arts extra-occidentaux, c’est un rendez-vous incontournable. C’est le cas en termes de marché, mais la spécificité de Akaa, c’est vraiment d’organiser des débats, des rencontres, de faire venir des éditeurs. C’est ça aussi Akaa », explique-t-elle.
Une volonté d’explorer toutes les dimensions du marché de l’art qui se retrouve dans la programmation des tables rondes. Cette année, Victoria Mann, la directrice d’Akaa, a décidé de faire plancher ses intervenants sur le métier de commissaire d’exposition. « On oublie souvent l’importance du commissaire d’exposition, qui finalement est celui qui sublime l’œuvre, qui la met en contexte, qui écrit dessus, qui réfléchit dessus, qui la fait dialoguer avec d’autres œuvres. Et c’est cela que nous avons voulu mettre en exergue cette année », précise Victoria Mann.
Cent vingt artistes représentés
Akaa est aussi un formidable baromètre de la vitalité du secteur culturel africain. Chaque année, les équipes sillonnent les galeries du continent. « On constate, depuis une dizaine d’années, une multiplication de galeries qui s’ouvrent sur le continent. Et c’est formidable, car cela veut dire que l’on va vers une structuration du marché sur place, avec des espaces qui pourront montrer et développer aussi l’appétit de collectionneurs qui ne se savent pas encore collectionneurs d’art », se réjouit Armelle Dakouo directrice artistique d’Akaa.
À cet égard, Akaa peut compter sur les glorieux pionniers comme le Camerounais Barthélémy Toguo, véritable star mondiale de l’art contemporain. Il a ouvert au Cameroun un centre culturel, Bandjoun Station, pour rapprocher l’art contemporain et l’art traditionnel, sans hiérarchie de valeur, selon l’expression du maître. « Ce que Bandjoun Station essaie de faire aujourd’hui, c’est d’aller dans les écoles. Surtout, il fait venir la culture locale dans le centre d’art contemporain pour que les gens puissent s’imprégner de ce que l’on fait, et qu’ils ne se sentent pas étrangers à cet art contemporain très branché », indique Barthélémy Toguo.
Akaa, c’est cette année cent vingt artistes de trente-six nationalités différentes. De quoi se sentir citoyen d’un monde dans lequel le seul passeport est celui du talent.