Styliste franco-camerounaise passée par le Studio Berçot et l’Institut français de la mode à Paris, la jeune femme vit et travaille en Côte d’Ivoire depuis une quinzaine d’années déjà.
C’est là qu’elle a installé son atelier, dans la station balnéaire de Grand-Bassam, alors que depuis un an, celui-ci a été rejoint par La Maison Laurence Airline.
Sur place, cette dernière n’est pas uniquement dédiée à la présentation de ses costumes et pièces qui font la part belle aux fibres naturelles et aux techniques artisanales, l’endroit se veut un lieu dévolu aux expériences culturelles autour de l’art, de l’environnement, de l’artisanat et du bien-être.
Résidences artistiques, séminaires, workshops mais aussi retraites pour explorer la culture locale et l’artisanat de la Côte d’Ivoire, Laurence Chauvin-Buthaud aime avant tout fédérer et créer des liens.
Un univers riche que l’on retrouve à Paris dans la boutique Laurence Airline (40, rue Notre-Dame-de-Nazareth, IIIe), ouverte cet été, et que la créatrice a choisi d’inaugurer il y a quelques jours durant la Fashion Week de Paris.
Derrière une vitrine chic et minimaliste, place à un intérieur cosy avec murs de pierres apparentes alternant avec des pans en raphia et un sol en coco.
Sur les portants, les vestes kimono bordées de Faso Dan Fani se mixent avec des tee-shirts graphiques, des chemises colorées et autres créations pour homme déjà adoptées par Keziah Jones ou Stromae. Autant dire que le style de Laurence Airline ne laisse pas indifférent et séduit les fans de mode jusqu’au Japon.
La nouveauté de cette rentrée est la première capsule pour femme intitulée « L’automne est la récolte de l’amour ». Des pièces où les étoffes tissées et teintes à l’indigo rencontrent le jean, où les popelines de coton rayées dynamisent les pantalons unis en coton, lin et raphia.
Particularité des collections, Laurence Chauvin-Buthaud ne pense pas par saison mais rêve cosmopolite. Son souhait: habiller toutes les personnes sensibles à l’Afrique, curieuses et sensibles à son discours.
De quoi faire d’elle la seule créatrice de mode africaine haut de gamme, vivant et travaillant en Afrique, à inaugurer une boutique à Paris. Une première, assure la marque!
Pour autant, son défi ne s’arrête pas là. Laurence Chauvin-Buthaud vise surtout à valoriser la filière coton de Côte d’Ivoire.
“C’est là toute la particularité de la marque, souligne Emmanuelle Courreges qui accompagne la griffe pour sa communication. Outre les textiles traditionnels qui sont tissés à la main en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, les imprimés tous issus de stocks recyclés (comme ceux de Nona Source), la collection compte aussi des pièces en cretonne de coton de Côte d’Ivoire, une première pour un designer ouest-africain.
Ce sont des cotons en filière intégrée. Cela signifie que la matière première cultivée sur place n’a pas été exportée puis réacheminée en Côte d’Ivoire. Elle a été transformée sur place, filée, puis tissée avant d’être utilisée par Laurence Chauvin-Buthaud.
Tout ça est très nouveau car le problème du coton africain réside principalement dans le fait que plus de 90% part à l’export, sans être transformé sur place, donc sans valeur ajoutée pour le pays et ses habitants. Parmi toutes les révolutions qui touchent la mode aujourd’hui, cet aspect-là est important car il apporte plus de justice sociale et de retombées économiques pour les acteurs locaux.”
De quoi faire de Laurence Airline une marque engagée par le choix d’un textile porteur de sens et une actrice du changement. Une griffe à suivre assurément.