Les dirigeants africains réunis en sommet en Tanzanie pour faire face à la crise en République démocratique du Congo ont appelé samedi leurs chefs militaires à mettre en place un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » dans un délai de cinq jours.
Les dirigeants des pays d’Afrique australe et de l’Est, réunis samedi 8 février en Tanzanie, ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat » dans l’est de la République démocratique du Congo où les combats se poursuivent entre l’armée congolaise et le groupe armé M23 et ses alliés rwandais, qui ne cessent de gagner du terrain.
Les chefs des forces de défense des huit pays membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) et des 16 pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont été chargés « de se réunir dans les cinq jours et de fournir des directives techniques sur un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », a indiqué un porte-parole.
« Le sommet conjoint a réaffirmé la solidarité et l’engagement inébranlable de continuer à soutenir la RDC dans ses efforts de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale », selon le communiqué final.
Ce sommet, auquel ont participé le président rwandais Paul Kagame et, par visioconférence, son homologue congolais Félix Tshisekedi visait à trouver une issue au conflit qui déchire l’est de la République démocratique du Congo depuis plus de trois ans et s’est accéléré ces dernières semaines.
Depuis le début du conflit en 2021, une demi-douzaine de trêves et cessez-le-feu ont été signés, avant d’être systématiquement rompus.
Le sommet a été convoqué après l’offensive éclair sur Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, par le groupe armé antigouvernemental M23 (« Mouvement du 23 mars ») et les troupes rwandaises.
« Nous appelons toutes les parties à respecter le cessez-le-feu, et plus particulièrement le M23 à cesser toute progression et les forces armées de la RDC à cesser toute mesure de représailles », avait indiqué en ouverture du sommet le chef de l’État kényan, William Ruto, qui préside actuellement la Communauté des États d’Afrique de l’Est.
Crainte d’un embrasement régional
Après Goma, où la situation humanitaire est catastrophique, le conflit s’est installé dans la province voisine du Sud-Kivu.
Des affrontements sont en cours samedi à une soixantaine de kilomètres du chef-lieu de la province, Bukavu, selon des sources locales et sécuritaires. Des banques et des écoles ont été fermées. De nombreux habitants ont quitté la ville.
Plusieurs pays voisins de la République démocratique du Congo redoutent un embrasement régional, faute de solution diplomatique rapide.
Les tentatives de médiation, notamment de l’Angola et du Kenya, ont jusqu’ici échoué. Lors du sommet, les dirigeants régionaux ont plaidé pour une fusion des processus de paix initiés séparément par les deux pays, appelés « processus de Luanda » et « processus de Nairobi ».
Les dirigeants ont aussi appelé à l’ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer les blessés et les morts. Selon l’ONU, depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes été tuées dans l’est de la République démocratique du Congo.
De nombreuses exactions, dont des viols et cas d’esclavage sexuel, ont été rapportées et le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête.
« Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’Est, mais aussi au-delà de la RDC », a alerté vendredi le chef des droits de l’Homme de l’ONU, Volker Türk, qui a averti que le risque d’escalade dans la région « n’a jamais été aussi élevé ».
Kinshasa réclame auprès de la communauté internationale des sanctions contre le Rwanda, mais aucune décision n’a été prise jusqu’ici.
L’est de la République démocratique du Congo est riche en ressources naturelles (notamment le tantale et l’étain, massivement utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, et l’or) et Kinshasa accuse Kigali de vouloir les piller.
Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer de la région des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutus du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.