Amnesty International: Protéger Les Femmes Accusées De Sorcellerie Au Ghana

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Au Ghana, des centaines de femmes, pour la plupart âgées, sont accusées de sorcellerie et contraintes de fuir leur communauté, alerte Amnesty international. L’ONG dénonce de graves violations des droits humains et appelle le gouvernement ghanéen à agir. En 2023, le Parlement ghanéen avait adopté un projet de loi criminalisant les accusations de sorcellerie, mais le texte n’a jamais été promulgué.

« J’ai refusé que le chef [du village] épouse une de mes filles. Un jour, un enfant est tombé malade dans la communauté et le chef m’a accusée [de sorcellerie] », témoigne Fatma, qui vit désormais recluse dans le camp de Kukuo au Ghana. 

Elle est l’une des centaines de femmes ghanéennes subissant de graves violations de droits humains après avoir été accusées de sorcellerie. Dans un rapport publié lundi 14 avril, Amnesty International alerte sur leur sort et appelle l’État ghanéen a réagir. 

La majorité des victimes sont « des femmes âgées » et « marginalisées », écrit Amnesty. « Les femmes âgées vivant dans la pauvreté, avec un handicap ou souffrant d’une maladie, sont les plus exposées, de même que les femmes qui ne se conforment pas aux stéréotypes de genre. »

La croyance en la sorcellerie reste répandue dans de nombreuses communautés rurales le long de la côte en Afrique de l’Ouest, y compris au Ghana, où de nombreuses personnes accusées d’être des sorcières sont contraintes de fuir leur village.

Les accusations sont souvent le fait de membres de leur famille ou d’un voisin, et peuvent « donner lieu à des actes de violence, y compris des homicides, ce qui ne laisse aux personnes accusées qu’un seul choix, celui de fuir », indique Amnesty International dans son rapport. 

Ces personnes se trouvent obligées de se réfugier dans des camps supervisés par des leaders religieux dans les régions du nord et du nord-est du Ghana. Elles y vivent recluses, dans des conditions de vie « inadéquates », accuse Amnesty. 

Des accusations portées contre des femmes fortes

« Ils s’arrangent toujours pour porter des accusations contre vous, surtout si vous travaillez dur, si vous restez forte et si vous vous débrouillez bien en tant que femme », témoigne auprès de l’ONG, une des résidentes de Kukuo, l’un de ces camps informels où les femmes accusées trouvent refuge. 

« Mon voisin a dit qu’il avait rêvé […] que j’essayais de le tuer. Il ne veut pas de moi [dans la communauté], c’est pourquoi il m’a accusée », confie quant à elle Fawza, qui vit dans le camp de Gnani.

La brutalité infligée aux personnes accusées de sorcellerie au Ghana peut aller très loin. Un cas avait particulièrement suscité l’émoi dans le pays : le lynchage d’Akua Denteh, 90 ans, dans la région de Savannah, dans le nord, en juillet 2020. Deux hommes reconnus coupables de sa mort ont chacun été condamnés à 12 ans de prison.

Pas de loi criminalisant les accusations de sorcellerie

La majorité des cas de violences ne font l’objet d’aucune plainte au Ghana, bien que le nombre de personnes accusées ne cesse d’augmenter, selon Amnesty International. 

En juillet 2023, le Parlement ghanéen avait adopté un projet de loi criminalisant les accusations de sorcellerie. Cependant, cette loi n’a pas été promulguée par le président de l’époque, Nana Akufo-Addo.

Amnesty International réclame de la part du gouvernement ghanéen « une stratégie de campagne à long terme visant à sensibiliser », « des programmes de réintégration » dans les communautés touchées, et « une protection pour les personnes ayant subi des atteintes en raison des accusations dont elles ont fait l’objet ». 

Deux femmes lapidées publiquement

Au delà du Ghana, les meurtres de personnes soupçonnées de sorcellerie sont fréquentes dans certains pays d’Afrique. En février 2024, huit femmes accusées d’être responsables de la mort de deux garçons à la suite d’une maladie, ont été tuées après avoir été contraintes de boire du poison en Guinée-Bissau. 

Un mois plus tard, deux femmes âgées de 60 et 65 ans, ont été lapidées publiquement et leurs corps brûlés en République démocratique du Congo pour avoir prétendument causé la mort de plusieurs personnes.

Pour Samadu Sayibu, chargé de programmes au sein du groupe ghanéen de défense des droits Songtaba, les accusations de sorcellerie reflètent « les attitudes de la société à l’égard des personnes âgées, en particulier des femmes âgées, et met en lumière des enjeux tels que le genre, la pauvreté… ». 

SourceFrance 24
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