Cette semaine à Bamako se sont réunis les ministres de l’Économie et des Finances des trois pays de l’AES, le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Ils ont signé la convention marquant le lancement officiel de la Banque confédérale d’investissement et de développement (BCID-AES). Une étape de plus vers l’opérationnalisation de cette nouvelle institution. L’économiste malien, Modibo Mao Makalou, nous en parle.
RFI : Que représente la signature de cette convention ?
Modibo Mao Makalou : C’est un grand bond en avant pour la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES). La Banque fédérale d’investissement et de développement du Niger, Burkina Faso, Mali vient d’être lancée. Les statuts ont été approuvés. La banque est sur le point d’être opérationnelle. Cela a pris près de sept mois pour franchir cette étape. Maintenant, il ne reste qu’à recruter le personnel. Les ressortissants de l’AES qui étaient à la BIDC ont tous été libérés depuis quelques mois et ont été reversés à leur pays.
Donc, c’est probablement la nouvelle banque qui va recruter ce personnel. Il s’agit également de mobiliser les ressources nécessaires pour opérationnaliser la banque. Un prélèvement fédéral a été convenu, mais le capital a été fixé à 500 milliards de francs CFA. Les détails n’ont pas été donnés sur combien sera libéré, ni si le capital sera ouvert à d’autres institutions ou à d’autres pays.
À quoi va servir la BICD-AES ?
Comme la BIDC, la banque d’investissement de la Cédéao, la Banque confédérale pour l’investissement et le développement va faire les mêmes choses : financer les infrastructures de base, favoriser les échanges, financer les services sociaux de base, mais aussi des projets du secteur privé comme l’énergie, les transports, les interconnexions, le désenclavement intérieur et extérieur.
Quelles vont être ses grandes priorités ?
Les économies du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont beaucoup de similitudes. Ce sont des économies qui ne sont pas complémentaires. Ce sont des pays miniers. Ce sont des pays aussi agro-sylvo-pastoraux. Ce sont aussi des pays où les coûts des facteurs de production sont très élevés. Il y a très peu de transformation localement. Et donc, je pense que l’objectif, c’est d’aller vers une transformation structurelle en baissant les coûts des facteurs de production et en augmentant les infrastructures de base, mais aussi en renforçant le capital humain.
Je pense que cela se fera en coopération avec d’autres institutions, mais je ne sais pas pour le moment quelle va être la ligne politique ou le modèle économique qui sera effectivement choisi. Nous attendons de voir. Mais je pense que c’est une bonne idée que ces trois pays se mettent ensemble pour essayer de relever les défis qui leur sont communs, notamment la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable.
Cette zone sahélienne est l’une des moins électrifiées au monde alors qu’elle possède un très fort potentiel en énergies renouvelables. Ils ont tous les trois un Indice de développement humain (IDH) très bas, je pense que c’est un défi qu’ils pourront relever ensemble.




