Lass, la nouvelle étoile de la pop africaine

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Une voix souple et lumineuse qui ondoie avec puissance, des textes en wolof qui s’envolent et touchent au cœur, des airs dansants qui font le pont entre les musiques afro-cubaines d’antan et les beats digitaux d’aujourd’hui : Lass, jeune premier de 45 ans, est la nouvelle étoile de la pop africaine et la sensation de l’été, un enfant de Dakar revenu de moult galères, qui s’apprête à embraser les festivals avec son premier album.

« Je n’ai pas de diplôme, pas d’argent, je n’ai que ma voix pour m’en sortir… », chante-t-il avec force sur un titre. En interview, il confirme : « Bumayé, dont j’ai écrit tous les textes, raconte qui je suis, ce que j’ai vécu au Sénégal avant d’arriver en France. »

Chanter face à la mer
Né à Mbatal, un village côtier de la banlieue de Dakar, le petit Lass a grandi au rythme des marées et des soirées organisées à la maison par ses aînés, qui s’enjaillaient sur la salsa locale et la rumba congolaise. Sa vocation de chanteur est née quand Daara J, le groupe de hip-hop auquel il doit son « amour de la musique », est venu s’installer à Mbatal. « Il n’y avait pas d’école de musique. Pour avoir une belle voix, on allait chanter face à la mer, en essayant de couvrir le bruit des vagues. Tous les matins, à l’aube, nous étions plusieurs à nous retrouver sur la plage, pour nous entraîner. »

Daara J repère ce chanteur local d’une vingtaine d’années et l’invite à enregistrer une maquette dans son studio. Le single plaît, mais n’est pas publié, faute de moyens. Lass ne désarme pas. Le jour, il pêche, pour se payer le transport jusqu’à Dakar, où il court les sound systems (avec amplis et enceintes mobiles) bricolés dans la rue. Tous les soirs, il prend le micro, affûte son flow.

Certains de ses amis embarquent pour l’Europe sur une pirogue. Faute d’avoir l’argent pour le passeur, lui persévère sur place, multiplie les collaborations, sans réussir à percer. « Pendant huit ans, j’ai vécu de petits boulots et de la solidarité de mes proches : ma famille m’aidait, je dormais chez des potes. »

Rencontres providentielles
Une main tendue, grâce au réseau MySpace, va tout changer. À 5 000 km, une fan française craque pour l’unique morceau qu’il a mis en ligne. Elle deviendra sa femme. En 2008, il s’installe dans la région lyonnaise, contacte des musiciens via Facebook, se trouve un guitariste à la gare (Matthieu Chavalet, toujours à ses côtés) et joue dans les bars du coin. « Après les soirées, des gens passaient me saluer au Carrefour où je travaillais comme agent de sécurité. Mon patron, touché, m’a aménagé un planning plus compatible avec mes concerts. »

La rencontre providentielle du producteur Bruno Patchworks a permis à ce showman solaire de collaborer avec le duo électro Synapson. Signé par Wagram, il a ainsi tourné dans de gros festivals avant de connaître ses premiers succès en solo. Aujourd’hui, c’est lui qui invite (le rappeur Patrice, la Brésilienne Flavia Coelho…), conscient de sa chance.

Sur une chanson, il évoque ses amis d’enfance qui se sont noyés en Méditerranée. Cet hiver, il a encore croisé leurs mères. « À Dakar, beaucoup de mamans traumatisées errent sur la plage, en attendant le retour d’un fils ou d’un mari disparu en mer. À Mbatal, je vais toujours les saluer. Je leur rappelle leur fils, ça leur fait du bien. »

Lass, lui, garde le Sénégal au cœur et le regard sur l’horizon, certain qu’il lui réserve encore des surprises.

SourceLa vie
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