Face aux turbulences économiques, l’Egypte esquisse une ouverture politique

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C’est une première depuis l’arrivée au pouvoir de l’ex-chef de l’armée Abdel Fattah Al Sissi en Egypte, entérinée en 2014 par son élection à la présidence avec 96,9 % des voix , en l’absence d’opposition. Le Caire a lancé mardi un processus de « dialogue national », censé permettre à tous les acteurs de la société et aux partis politiques d’échanger librement leurs points de vue dans des domaines aussi vastes que la politique, l’économie et la société.

« Nous faisons aujourd’hui le premier pas vers une nouvelle république », s’est félicité Diaa Rashwan, le coordinateur général de l’initiative, également président du syndicat des journalistes. « Le dialogue vise à créer des espaces communs permettant parfois des accords ou des désaccords complets », a-t-il déclaré, lors d’une réunion inaugurale du conseil de la consultation.

Conjoncture dégradée
C’est du moins l’objectif affiché de ce dialogue, annoncé par le président Abdel Fattah Al Sissi fin avril. Cette initiative intervient dans le contexte d’une dégradation de la conjoncture économique, en raison notamment des conséquences de la guerre en Ukraine. Le Caire a ainsi adressé en mars, pour la troisième fois en six ans, une demande d’aide financière au FMI .

Plus gros importateur mondial de blé, l’Egypte est très dépendante de la mer Noire pour ses achats à l’étranger. Les touristes russes et ukrainiens représentaient, par ailleurs, avant la pandémie de Covid-19 environ 30 % de ses visiteurs. Quelque 15 milliards de dollars d’investissements étrangers ont enfin fui son marché obligataire, poussant la banque centrale à relever ses taux directeurs en mars pour retenir les investisseurs.

La population fait, elle, les frais d’une inflation urbaine à 13,5 % sur un an en mai, un record depuis trois ans. « Bien sûr que le pouvoir est inquiet », confiait en mai un diplomate occidental en poste au Caire.

Les prisonniers politiques exclus
L’annonce de ce dialogue a cependant été reçue avec scepticisme. « Les Egyptiens sont intéressés mais tout le monde attend de voir ce qui va se passer », estime Mohamed Anwar Al Sadat, membre du Conseil national pour les droits humains et président du Parti de la réforme et du développement. « C’est une opportunité mais il va falloir suivre la mise en oeuvre des décisions qui seront prises à l’issue des discussions. »

Les modalités du dialogue et son échéance n’ont pas encore été fixées. L’exclusion préalable d’une partie de l’opposition suscite également des interrogations. Les Frères musulmans, pourchassés depuis le renversement du président Mohamed Morsi en 2013, ne sont pas les bienvenus, a fait savoir le président Sissi dimanche. Les journalistes, opposants et militants composant une bonne partie des effectifs des nombreux prisonniers politiques dans les geôles égyptiennes n’auront pas non plus l’occasion de s’exprimer.

Plusieurs dizaines d’entre eux, en détention provisoire, ont été libérés depuis avril, en signe de bonne volonté. Mais d’autres sont toujours derrière les barreaux, à l’instar de l’activiste Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim depuis près de 100 jours pour protester contre ses conditions de détention, ou du chercheur Ahmed Samir Santawy, condamnés respectivement en décembre et début juillet pour « diffusion de fausses informations ».

SourceLes Echos
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