Arka’n Asrafokor, au Paléo ce mardi: «Dès que j’ai entendu du metal, j’ai senti sa connexion avec l’Afrique»

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Début juillet, reprogrammé sur la grande scène des Eurockéennes de Belfort suite à un problème météorologique, Arka’n Asrafokor triomphe devant des dizaines de milliers de spectateurs. Une consécration pour son leader, Rock Ahavi, qui a conçu et développé ce groupe de métal togolais envers et contre tout depuis une quinzaine d’années. Seul musicien à pratiquer ce genre à Lomé, il a répondu à nos questions en visioconférence en compagnie de son frère – le chanteur et rappeur Elom – et de sa manageuse, Bea Manigat, à quelques jours de son concert au Paléo Festival. Un son unique – du rock metal mélangé à du rap et à des rythmes afros –, une démarche engagée et une vision du monde qui fait du bien: Arka’n Asrafokor est un groupe à découvrir absolument.

Dans quelles circonstances avez-vous découvert le metal?

Rock Ahavi: J’écoutais du rock, puis j’ai découvert Deep Purple. De là, je suis arrivé aux disques de Scorpion, ACDC, Metallica… Le côté percutant, énergique et extrême de cette musique m’a immédiatement parlé. Les voix aussi, dans lesquelles on sent que les chanteurs mettent toute leur âme.

Vous êtes le seul groupe de metal de toute l’Afrique de l’Ouest. Mais y a-t-il d’autres scènes ailleurs en Afrique?

R.A.: Le metal est bien présent en Afrique du Nord et centrale, en Afrique du Sud, au Kenya, au Botswana, en Ouganda et au Zimbabwe! Nous sommes en contact les uns avec les autres via internet. Pendant la pandémie, nous avons même organisé des festivals en ligne. La plupart des groupes africains font le même metal qu’en Europe. A ma connaissance, nous sommes les seuls – avec Skinflint au Botswana et LohArano de Madagascar – à faire quelque chose qui est plus en lien avec les musiques africaines.

Comment êtes-vous arrivé à cette fusion entre metal et rythmes africains?

R.A: Ça s’est fait naturellement. Dès que j’ai entendu du metal, j’ai senti sa connexion avec les musiques africaines. Pour moi, c’est le même esprit qui anime ces deux musiques.

Comment s’est inséré le rap dans le projet?

Elom Ahavi: J’ai toujours aimé le rock, le metal et aussi le rap. Un jour, j’ai demandé à Rock s’il n’y avait pas un moyen d’associer les deux parce que j’avais envie de faire cela. Il m’a donné un CD de Linkin Park et j’en suis tombé amoureux. J’ai commencé à modifier les textes pour pouvoir faire tous ces différents registres vocaux.

Etes-vous aussi imprégné de culture vaudoue?

R.A.: Je préfère ne pas être restreint à quelque chose. Pour moi, l’être humain est ce qu’il est. En Afrique ou en Europe, on a tous la même manière de voir le monde. Si on me met l’étiquette vaudoue, ça va juste restreindre ma vision. Le monde est physique et spirituel, et ça c’est universel.

En Afrique, le monde invisible n’est-il quand même pas nettement plus présent dans l’imaginaire collectif qu’en Occident?

R. A.: Pas forcément. Autrefois, les peuples d’Europe étaient aussi en lien avec la nature. L’Afrique a gardé ses coutumes, les Européens les ont oubliées. Prenez les mythologies nordiques: le dieu guerrier Thor avec son marteau est assez similaire au dieu du tonnerre vaudou Hèviosso. Au sein de mon groupe, je cherche juste à rappeler que nous sommes tous similaires.

Quels sont les thèmes de vos chansons?

E. A.: L’honneur, la justice, le courage et aussi rappeler que nous ne sommes pas là seulement pour satisfaire nos besoins primaires, mais aussi pour essayer d’aller au-delà. Autrement dit, ne pas oublier que l’âme existe et qu’elle a ses besoins. Pour satisfaire les besoins de l’âme, pour rendre l’homme complet, il y a une façon d’être et de faire.

R.A.: Nous défendons aussi l’idée du retour de l’homme à une communion avec la nature, la Terre mère, créatrice de la vie.

Ces messages sont assez différents de ceux que véhiculent habituellement les groupes de metal…

R.A: Ces temps, j’écoute le groupe de metal français Gojira. Ils parlent de la même chose: la nature, l’environnement. Il y a beaucoup plus de groupes conscients qu’avant.

Bea Manigat: La semaine dernière à Marseille, nous avons assisté à un concert des Brésiliens de Sepultura. Même les t-shirts proposés à la vente sont faits de façon respectueuse de l’environnement. Dans leurs prestations scéniques aussi, ils lancent des appels – au respect des personnes, de l’environnement, des droits des peuples indigènes, en l’occurrence d’Amazonie. Nous nous retrouvons bien dans ce genre de metal conscient. C’est important de rappeler les fondamentaux: très souvent, les musiques dites «à la marge» sont caricaturées et on pense que ce sont des fous qui n’ont rien à dire, alors que toute une partie des groupes de metal ont de la substance, des textes. Pas tous, bien sûr, mais une bonne partie. Prenez Rage Against the Machine, que nous aimons beaucoup: ils se sont engagés dès le début.

Que signifie votre nom, Arka’n Asrafokor?

«Arkan» signifie la face cachée de l’Univers, «asrafo» le guerrier et «kor» a plusieurs significations: le quartier, le poing ou les cinq doigts de la main qui, dans notre cas, représentent les cinq membres du groupe.

Arka’n Asrafokor en concert au Paléo Festival, mardi 19 juillet à 17h45 au Dôme dans le cadre du Village du monde, dédié cette année à l’Afrique de l’Ouest.

SourceLe temps
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