Au Canada, de nombreuses femmes d’origine africaine portent des perles de hanches pour communiquer, s’embellir et plaire à leur partenaire. Certaines pendent à la taille. D’autres sont lumineuses ou encore parfumées.
Pour Armelle Kodjo D’Amour, Canadienne d’origine béninoise, résidente de London, il s’agit d’un geste de beauté et d’attirance sexuelle.
« C’est un outil de communication de très grande valeur. Le cliquetis des perles a un effet sur l’homme. Quand tu mets ça, ça séduit. »
Mme D’Amour ajoute que la coutume des perles de hanches se transmet de génération en génération. C’était porté par nos grands-mères, rappelle-t-elle.
Plus qu’un atout de charme
Malubungi Mueni, résidente de Markham et grand-mère d’origine congolaise, y voit plutôt un outil de pression dans une démarche féministe, un moyen de lutter contre la violence ou la domination.
« La femme peut dire à son homme : si tu veux que je porte ces perles, que je te donne satisfaction sexuelle, alors il faut que tu me respectes. On doit apprendre aux jeunes filles à utiliser ça comme une arme de défense, de revendication. »
Pour sa part, Diana Etetaa, membre de la communauté camerounaise de London, déplore qu’avec la modernisation, les femmes et les filles laissent apercevoir les perles de hanches en portant par exemple des pantalons à taille basse.
À l’origine, c’était un accessoire porté dans l’intimité du couple. Normalement, il n’y a que le mari ou le partenaire qui devrait voir ces accessoires sur le corps de la femme, dit-elle.
Mme D’Amour entrepose ses perles dans un bocal en verre avec du parfum.
« Dans la plupart des pays africains, il y a des encens spécialisés qui ont un effet aphrodisiaque ou spirituel. Au Canada, je n’en ai pas, donc je me suis adaptée… avec un parfum que mon mari affectionne beaucoup. »
Autres usages des perles de hanches
Mme D’Amour explique que les perles de hanches servaient, à l’époque, à retenir les pagnes pour cacher l’intimité de la femme africaine qui ne portait pas de lingerie moderne comme les sous-vêtements qu’on trouve de nos jours.
De plus, quand elles sont portées par les filles dès l’enfance, dit-elle, cela permet aux parents de suivre la croissance de l’enfant donc de contrôler, par exemple, la prise de poids.
En effet, selon Marie-Nathalie LeBlanc, professeur titulaire en sociologie de l’Université du Québec à Montréal, les perles de hanches permettent aussi à la femme de suivre les transformations dans son corps.
« Si elle perd du poids, les perles de hanches vont descendre. Si elle prend du poids, les perles de hanches vont devenir très serrées. »
La professeure LeBlanc explique aussi que certaines vertus mythiques leur sont attribuées.
Par exemple, elles sont mises autour des tailles des bébés, sans distinction de genre, afin d’apaiser les douleurs de la poussée dentaire. Elles sont aussi reconnues pour leur capacité d’envoûtement.
On dit que certaines perles ont la capacité de garder l’amoureux, de garder le mari, donc elles auraient des pouvoirs magiques, dit-elle.
Origine des perles de hanches
Selon Mme Leblanc, c’est une pratique qu’on retrouve surtout en Afrique de l’Ouest et qui est partagée par plusieurs groupes ethnoculturels. La tradition aurait été « exportée » dans les endroits où l’esclavage s’est pratiqué, dit-elle.
« On va les voir dans la diaspora où se retrouvent des communautés africaines. On peut penser aux Caraïbes […] en Amérique latine, aux États-Unis. »
Matériaux de fabrication
Même si l’on parle de perles, les matériaux utilisés pour fabriquer ces accessoires ne sont pas forcément de vraies perles.
Selon Diana Etetaa, à l’origine, les perles étaient faites d’ossements d’animaux.
De nos jours, il y a d’autres matériaux tels que du plastique, des graines ou encore des coquillages.