La prière dansante d’Alhaji Waziri Oshomah

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Originaire d’Afenmailand, dans l’État d’Edo, au sud du Nigéria, Alhaji Waziri Oshomah est un homme de foi et véritable pilier au sein de la communauté d’Auchi où il réside. Le message qu’il porte, les valeurs de l’Islam qu’il convoque, sont reçus par son public mais les fidèles sont venus pour danser. Comme Whoopi Goldberg dans Sister Act, il a découvert l’intérêt de la musique pour porter les préceptes religieux qui l’animent. L’engouement qu’il suscite tient à son style unique, manifeste dans World Spirituality Classics 3: The Muslim Highlife of Alhaji Waziri Oshomah.

Cet album édité par Luaka Bop, troisième volume de la série World Spirituality Classics (après The Ecstatic Music of Alice Coltrane Turiyasangitananda et la compilation de gospel The Time For Peace Is Now), compile sept titres mêlant la prière à la danse, la folk locale, le highlife et la pop occidentale. Chanté en anglais, en etsako et en d’autres langues locales, les morceaux sont enregistrés sur une période de dix ans, à partir du milieu des années 70 juste après le pèlerinage d’Alhaji Waziri Oshomah à La Mecque. La voix de son épouse et collaboratrice Hassanah peut être entendue dans la chanson « My Luck ».

Le succès, qu’Alhaji Waziri Oshomah impute à sa femme, est aussi dû à sa persévérance. En 1970, en pleine guerre civile au Nigéria, le groupe fait avec les moyens du bord. « Nous utilisions un amplificateur bricolé localement et alimenté à l’aide de piles de lampe de poche », raconte l’artiste. De plus, sans autre moyen de locomotion, lui et ses musiciens doivent parcourir à pied, leur matériel sur leurs épaules, les longues distances qui les séparent des salles de concert. On l’aura compris, Alhaji Waziri Oshomah était déterminé à porter son message et faire connaître le nouveau genre musical qu’il a créé.

Ce style singulier et dansant emprunte au highlife venu de Lagos, à la musique des groupes etsakos locaux et aux sonorités électroniques occidentales. Le goût qu’il développe pour la musique profane lui vaut d’ailleurs la désapprobation de sa famille pratiquante qui le déshérite. Il intègre alors la doctrine musulmane à ses textes et devient « Etsako Super Star », le surnom donné par ses adeptes, issus de tous horizons, séduits par la portée universelle de son message. « Les habitants d’Auchi peuvent pratiquer leur culte dans différentes maisons, mais ils se retrouvent tous sur la piste de danse », écrit l’auteur des notes de l’album. « Au-delà des églises et des mosquées, la piste de danse est le lieu le plus sacré. »

World Spirituality Classics 3: The Muslim Highlife of Alhaji Waziri Oshomah sort le 23 septembre via Luaka Bop.

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