En partenariat avec RTL, Albin Michel Jeunesse ouvre sa grande bibliothèque. Pour cette saison 3 de Lis-moi une histoire, les bibliothèques et les médiathèques se mobilisent. Au programme : de l’aventure bien sûr, de l’amitié, du suspense, mais aussi de l’amour…
Découvrez Pourquoi l’épervier mange-t-il les petits de la poule ?, tiré des Petits contes des pourquoi d’Alain Serge Dzotap, illustré par Marie Novion. L’histoire est lue par Marion Deliry de la médiathèque Coeur de ville, à Vincennes.
« Pourquoi la tortue a-t-elle une carapace ? Pourquoi le crocodile marche-t-il aplati ? Pourquoi le caméléon change-t-il de couleur ? Alain Serge Dzotap revisite de manière savoureuse la grande tradition des contes des pourquoi camerounais. Inspirés par les histoires traditionnelles du peuple des Bamilékés, ces contes expliquent avec humour divers phénomènes ou situations comme le changement de couleur du caméléon ou le cochon qui fouille le sol… »
« Ces contes ne commencent pas ici… Ils commencent bien plus loin, au fond des âges. Les hommes les ont dits, les femmes les ont racontés, les enfants les ont chantés… bien plus de fois que tu ne peux les compter mille fois sur les bouts de tes dix doigts. Et les hommes, les femmes, les enfants en ont ri, en ont pleuré, ou en ont délicieusement frissonné autour du feu de bois sec… autant de fois qu’ils les ont dits, racontés, chantés.
Ces contes commencent par « Il était une fois », « Il y a longtemps », « Il y avait une fois », « En ces temps-là » ou alors comme ça leur chante. Cependant, huit fois sur huit, ils se terminent par « Voilà pourquoi ».
Ce sont des contes comme il en existe dans les nombreux villages des Bamilékés !
Les Bamilékés sont un peuple établi dans la région de l’Ouest Cameroun. Ils sont organisés en une centaine de chefferies ayant chacune à sa tête un fô, fon, ou mfen. Les Bamilékés maîtrisent l’art de la confection du Ndop, un tissu réservé aux nobles, dont chaque motif a une signification précise. Ils font aussi du perlage, de la sculpture sur bois, et leur architecture est considérée comme l’une des plus ingénieuses d’Afrique noire. Pardessus le marché, les Bamilékés aiment raconter des contes !
Mais avec les pétarades des motos, les teuf-teuf des autos, les bing-bang-bong des mécanos, les infos fofolles de la radio et les zigotos hébétés de la télé, les Bamilékés racontent de moins en moins leurs contes. Et des contes qu’on ne raconte plus se meurent !
C’est pourquoi je les confie à ta langue, à tes oreilles, pour qu’en les disant, pour qu’en les écoutant tu leur redonnes vie.
Bafoussam, le 31 juillet 2021,
Pour les enseignants qui souhaitent utiliser ce conte en classe quelques infos utiles :
En Afrique, le conte est une véritable institution, un héritage des anciens. Il est une forme de littérature orale, le soir au moment de la veillée. Souvent il s’inspire de dictons, de proverbes. Il est conte ou fable. A travers lui, les anciens transmettent des valeurs morales. C’est comme ça qu’on apprend à « vivre ensemble ». Le conte est souvent plein de sagesse, et les petits contes des pourquoi n’y échappent pas.
Au Cameroun, d’où est originaire l’auteur Alain Serge Dzotap, les contes des pourquoi sont inscrits dans l’histoire du pays.
Il faut attendre le début du XXe siècle pour que des écrivains comme Blaise Cendras traduisent et importent en Europe certains contes africains, par exemple dans Petits contes nègres pour enfants blancs publié une première fois en 1929, puis republié en 2016 par Albin Michel Jeunesse et la Bibliothèque Nationale de France, Blaise cendras rend hommage à cette littérature orale. Il retranscrit et sublime des mots entendus.
En 2018, naît une polémique sur la réédition de ces contes. La polémique concerne l’utilisation du mot « nègre » dans le titre. Fausse polémique expliquera alors l’éditeur Albin Michel jeunesse dans la mesure où, ici, le terme « nègre » traduit un esprit de fierté et d’admiration pour cette littérature africaine. C’est la « négritude » chère à Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou encore au poète guyanais Léon-Gontran Damas.
Concernant le conte africain, Léopold Sédar Senghor explique dans la préface des Nouveaux contes d’Amadou Koumba rassemblés par le poète sénégalais Birago Diop (publié en 1958), qu’en Afrique « tout conte est l’expression imagée d’une vérité morale, à la fois connaissance du monde et leçon de vie sociale ».
Alain Serge Dzotap, L’auteur des Petits contes des pourquoi est « né en 1978 à Bafoussam au Cameroun dans une maison sans livres. Il lit ses premières histoires à l’école primaire. En 2007, sa première histoire Petit Hippo et son stylo magique est publiée dans la revue Tralalire puis en album (Bayard, 2010). Suivront entre autres Le Roi Njoya, un génial inventeur, Éd. Cauris 2015, Le Roi et le premier venu, Pastel, 2017, Le Jardin magique de Katibou et Katibi, Bayard, 2018, Adi de Boutanga (2019 Albin Michel Jeunesse).
Récompensé par le prix Saint-Exupéry, le White Ravens, la médaille de Chevalier de l’ordre du mérite au Cameroun, ce poète écrivain se démène pour la littérature jeunesse à Bafoussam : ateliers d’écriture, animations scolaires, maison d’édition… Il vit au Cameroun. »