Afrique Du Sud : Intérêts Financiers Et Rivalités Politiques Divisent La Monarchie Zoulou

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Un conseiller qui décède soudainement, un roi en mal de légitimité empoisonné, ou peut-être pas, des frères ennemis qui se disputent le destin d’un pays : des querelles aux accents shakespeariens divisent la monarchie zoulou en Afrique du Sud. Théoriquement cantonnée à des prérogatives coutumières, elle est, avec ses 11 millions de sujets – soit près d’un cinquième de la population sud-africaine –, la plus influente des sept couronnes reconnues par le gouvernement. Alors que des élections générales sont prévues en avril 2024, les dissensions théâtrales de la maison royale prennent un tour politique.

Acte I. Samedi 1er juillet, l’indéboulonnable premier ministre de la nation zoulou, le prince Mangosuthu Buthelezi, numéro deux du royaume nommé à vie il y a près de soixante-dix ans du fait de sa lignée, publie un communiqué alarmant. Il y indique avoir appris « avec une grande inquiétude » l’hospitalisation du roi Misuzulu Zulu après la mort d’un de ses conseillers, suspectée d’être liée à un empoisonnement. « Lorsque Sa Majesté a commencé à se sentir mal, elle a soupçonné qu’elle avait elle aussi peut-être été empoisonnée », explique le premier ministre, tout en précisant que le roi « va bien ».

Acte II. Le lendemain, la maison royale, par la voix de son porte-parole, désavoue le vénérable Mangosuthu Buthelezi, 94 ans. Certes, un conseiller du roi est mort. Mais le monarque, qui est « en parfaite santé », a simplement profité d’une « visite de courtoisie » au royaume d’Eswatini (enclavé dans le territoire de l’Afrique du Sud et gouverné par un monarque absolu) pour procéder à une batterie d’examens « afin de parer à toute éventualité intempestive, compte tenu des informations faisant état du décès soudain de [son conseiller] ».

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Le communiqué aurait pu s’arrêter là et l’histoire avec lui. Mais, dans une seconde partie incendiaire, le porte-parole de la maison royale, le prince Africa Zulu, dénonce une « tentative orchestrée » de propagation d’informations « diffamatoires et sans fondement sur la santé de Sa Majesté ». « Il semble que l’intention soit de créer la perception que Sa Majesté le roi est malade et inapte », accuse le porte-parole, visant sans le nommer le premier ministre Buthelezi.

Joyau de la couronne
Voilà plusieurs mois que la maison royale bruisse de tensions entre le nouveau monarque, âgé de 48 ans, et son influent premier ministre. C’est pourtant grâce à ce dernier que le roi Misuzulu a pu s’asseoir sur un trône disputé par une partie de la famille royale après la mort de son père, Goodwill Zwelithini, décédé du Covid-19 en 2021. La première femme du défunt roi et deux de ses filles ont contesté son testament en justice pendant qu’un autre de ses fils s’autoproclamait héritier légitime de la couronne.

Au cœur des dissensions entre le roi Misuzulu et son premier ministre, la gestion du joyau de la couronne, l’Ingonyama Trust : près de trois millions d’hectares de terres sur lesquelles le monarque collecte loyers et droits d’exploitation. Les deux hommes seraient à couteaux tirés après la décision du roi de congédier celui qui présidait depuis plus de vingt ans le conseil d’administration de cette structure.

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« Les gens qui se rapprochent du roi aujourd’hui courent après les minerais que recèlent les terres de l’Ingonyama Trust », croit savoir le professeur Musa Xulu, un spécialiste de la monarchie zoulou. Mais les divisions ont pris des accents politiques après la guerre de communiqués entre le premier ministre traditionnel et la maison royale.

Un « agent » de l’ANC
Dans une interview accordée au média News24, le maire du district du Zululand, l’une des municipalités de la province du Kwazulu-Natal, la patrie des Zoulous, a mis le feu aux poudres en accusant le porte-parole de la maison royale d’être un « agent » du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid. D’après Thulasizwe Buthelezi, le porte-parole du roi chercherait à « discréditer » le premier ministre coutumier à l’approche des élections générales de 2024.

Car le premier ministre Buthelezi n’est pas seulement un dignitaire traditionnel. Il est également le fondateur de l’Inkatha Freedom Party (IFP), le rival de l’ANC dans la province du Kwazulu-Natal. Dans les années qui précédèrent l’élection à la présidence de Nelson Mandela, le champion de l’ANC, en 1994, les affrontements entre partisans des deux formations ont fait des milliers de morts. Les rivaux se feront alliés après l’avènement de la démocratie, avant que l’IFP ne soit durablement supplanté par les succès électoraux de l’ANC.

Mais, près de trois décennies après la fin de l’apartheid, la donne a changé. Plombé par des années de gestion catastrophique et de scandales de corruption qui ont laissé les services publics en déshérence, le parti de Nelson Mandela est ébranlé. Aux élections municipales de 2021, l’ANC n’a pas recueilli la majorité des votes à l’échelle nationale, pour la première fois depuis son accession au pouvoir. Dans la province du Kwazulu-Natal, l’IFP a largement profité de la chute de son rival dans les urnes.

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Même si la formation a ses fiefs, elle est plus qu’une force régionale. « De tous les partis politiques, celui qui menace le plus l’ANC en ce moment est l’IFP », estime ainsi l’analyste politique Wayne Sussman, qui rappelle que le Kwazulu-Natal est le deuxième bassin d’électeurs du pays. Or, dans ce contexte de rivalité politique, l’influence du roi des Zoulous dans cette région largement rurale, où les traditions ont un poids important, n’est pas négligeable.

« Comme dans toutes les familles »
« Le problème, c’est que tout le monde veut être vu comme celui qui contrôle la maison royale dans le but de gagner le cœur des électeurs zoulous », résume Musa Xulu, qui souligne la « faiblesse » du nouveau roi. Réagissant aux accusations du maire du Zululand, un responsable régional de l’ANC a souligné que le parti, loin de surfer sur les divisions, s’était efforcé de ne pas commenter la dispute, malgré les demandes des médias.

La formation, qui craint de perdre sa majorité absolue au Parlement en 2024, a toutefois tenté de tirer un bénéfice de la querelle en sollicitant l’un de ses membres pour mener une médiation entre le monarque et son premier ministre. A ce stade, l’analyste Wayne Sussman estime que l’IFP est le parti qui a le plus à perdre dans ces dissensions : « Si l’un de ses membres est perçu comme semant la discorde, il y a un risque pour [la formation], car beaucoup d’électeurs zoulous sont attachés à l’idée de la monarchie. »

Le premier ministre Buthelezi semble l’avoir compris. « Il n’y a certainement pas de fossé croissant entre moi et Sa Majesté », a-t-il affirmé dans un communiqué où il reconnaît tout juste des « désaccords sur certaines questions », « comme dans toutes les familles ». Avant d’en profiter pour tacler l’initiative de l’ANC en lançant publiquement l’interrogation suivante : « Pourquoi un parti politique devrait-il chercher à arbitrer une querelle qui n’existe pas, alors que la famille royale peut résoudre ses affaires internes ? » Non sans préciser : « Si de telles affaires surviennent. »

SourceLe Monde
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