Cap Sur La Tanzanie

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C’est une plaine fauve et infinie où rien n’arrête le regard, de quelque côté que l’on tourne la tête. L’herbe est basse, les arbres, rares et lointains. L’austère beauté du Serengeti oriental saisit sitôt que l’on descend du petit avion de brousse. La saison des pluies, qui attire ici des hordes de gnous en novembre et décembre, n’est pas encore arrivée. Tandis que le 4 x 4 roule en ­direction de notre lodge, nous rencontrons un troupeau de près de 500 buffles, un couple d’autruches, puis un ­serpentaire. Le 4 x 4 marque soudain un arrêt, le guide nous tend ses jumelles : «Au loin, un guépard juché sur une termitière ! Contrairement au lion ou au léopard, le guépard chasse de jour. Une mère doit tuer trois à quatre fois par jour pour nourrir ses petits.»

C’est pour permettre à la population de guépards de se renouveler que cette zone du ­Serengeti a été fermée pendant vingt ans. En 2014, les autorités ont permis l’ouverture d’un premier camp, celui de Namiri Plains, que l’on rejoint après deux heures de piste. En guise de comité d’accueil, une quinzaine ­d’éléphants sont attroupés au bord de la piste. Les dix luxueuses tentes, chacune dotée d’une vaste terrasse avec salle de bains extérieure, font face à une rivière saisonnière où les animaux de plaine viennent se désaltérer. Une piscine permet de se délasser tout en observant les girafes qui tendent leur cou sous l’ombrelle des acacias. Karen Blixen n’a pas eu mieux.

Les choses sérieuses commencent le lendemain au petit matin, comme c’est la règle en safari. Départ sous le clair de lune. Un chacal fuse dans l’herbe, deux hyènes ­tachetées trottent avec l’air d’avoir commis un forfait inavouable. Soudain, un lion à la crinière formidable nous arrête en bord de piste. Regard impérieux, il est occupé à marquer son territoire. Un mâle de 7 ans. Il roule des épaules puis se fige, bloc parfaitement immobile. Notre véhicule l’indiffère, tout comme les gazelles de Thomson, qui broutent à côté. Que fixent au loin ses yeux d’ambre ? Mystère de la savane.

Quelques kilomètres plus tard, trois lionnes efflanquées scrutent elles aussi la plaine à la recherche de gibier. Elles ont faim, mais leurs lionceaux ne songent qu’à batifoler dans l’herbe. Étroit et longiligne, un guépard constellé de taches noires glisse dans l’herbe blonde, l’estomac creusé. C’est un jeune d’un an et demi que sa mère a chassé. Il fait l’expérience de la solitude pour la première fois. L’animal terrestre le plus rapide du monde (ses pointes peuvent ­atteindre 120 km/h) est aussi un félin fragile, en voie de disparition. «Il a besoin de grands espaces et subit de plein fouet la concurrence des lions et des léopards, qui sont plus puissants et adaptables», précise notre guide.

La savane herbeuse du Serengeti oriental ne s’offre pas sur un plateau, comme c’est le cas au nord du Parc national du Serengeti. Il faut être patient et stratège. En compagnie du guide, on fomente des tactiques d’approche pour observer les félins le plus discrètement possible. On se fait chasseur, sans fusil. Et c’est parfois en ne cherchant pas qu’on trouve. Un drôle de chat vient de passer dans les hautes herbes : un serval ! Imaginez un guépard miniature, cou rayé, corps tacheté. Le félin a fondu sur une ­souris, qu’il croque à l’ombre d’un buisson.

Le serval noir, rarissime, a été observé à quelques reprises par les guides du lodge. Mais il faut s’armer d’une patience de léopard pour chercher l’aiguille dans la botte de foin. Il arrive aussi que le spectacle ait lieu juste devant le lodge. Des clients ont eu la chance d’assister à l’attaque d’un lion sur un gnou depuis leur terrasse. Pour l’heure, c’est une troupe de babouins qui fait le spectacle. Neuf pas (on a compté) séparent notre lit de la savane…

SourceLe Figaro
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