Il s’est installé rue Raymond Losserand, dans un coin populaire du XIVe arrondissement de Paris, entouré d’un bistrot de quartier, d’une boutique bio, d’un salon de massage et d’un traiteur vietnamien. Puis à l’intérieur, il a construit son nid, tout en élégance. Décor zen, tables en bois clair, vaisselle et murs blancs, avec des arbres, blancs eux aussi, qui semblent avoir poussé sur place.
Ce jeune homme de 29 ans, au sourire solaire, passionné de mode avec son allure de mannequin, s’appelle Mory Sacko . Un dandy qui n’a pas oublié d’être smart, et qui mène sa carrière comme un chef. Un chef cuisinier. Avec des bases solides (il a fait ses classes avec Christophe Moret et Thierry Marx) et une énorme énergie que l’on peut vérifier en passant devant la cuisine visible depuis la rue : il est à l’ouvrage, le midi comme le soir, sauf quand il part en tournage de ses émissions Cuisine ouverte, sur France 3.
Révélé dans Top Chef, sur M6, en 2020, Mory Sacko a créé cette table gastronomique en septembre de la même année et décroché aussitôt une étoile Michelin. Trop vite, ont dit certains, probablement avant d’avoir goûté… Au contraire ! « MoSuke » (« Mo » pour Mory, « Suke » pour Yasuke, le seul samouraï noir de l’histoire) mérite son macaron et son succès. Il puise son inspiration aux sources de l’Afrique (il est d’origine malienne) et du Japon (sa passion). Certains de ses plats semblent franco-africains, comme ce boeuf de l’Aubrac façon maffé, délicieux et graphique avec sa sauce onctueuse aux cacahuètes délimitée par une bordure de tamarin. D’autres sonnent plutôt nippo-africains, comme ce homard au barbecue japonais, sauce miso et piment lactofermenté. D’autres encore ont des airs franco-japonais, comme ce dessert créé dès l’ouverture, une ganache (tiède) au chocolat et glace wasabi, déjà un classique. Très vite on oublie d’analyser. On se contente de savourer.