Le meeting de Zurich a accueilli les finales de la Ligue de diamant les 7 et 8 septembre et leur cortège de stars pour le dernier grand rendez-vous de la saison d’athlétisme, deux mois après les Mondiaux d’Eugene en juillet. Au total, l’Afrique a récolté huit médailles, une belle moisson en attendant 2023.
Huit sacres pour le continent africain
C’est fait : le Marocain Soufiane El Bakkali est le nouveau roi incontesté du 3 000 m steeple mondial. Il met ainsi fin au règne sans partage des athlètes kényans sur la discipline. Avec un temps de 8’07’68, il devance l’Éthiopien Getnet Wale (8’08’56) et le Kényan Abraham Kibiwot (8’08’61), respectivement quatrième et cinquième des championnats du monde.
Champion du monde, champion olympique, il ajoute une ligne à son palmarès, où seul le sacre continental manque pour boucler la boucle. Après la Golden League 2001 remportée par Hicham El Guerrouj, Soufiane El Bakkali est le premier athlète marocain à triompher lors de la série annuelle de meetings internationaux.
Assurément l’athlète africaine de l’année, Tobi Amusan (Nigeria, 100 m haies F) écrit plus que jamais l’histoire du sport nigérian et africain. Après la défense de son titre africain en juin (12’57), elle devient championne du monde après avoir réalisé le record d’Afrique au premier tour (12’40), puis le record du monde en demi-finale (12’12). Elle passe à côté du nouveau record du monde non homologué en raison d’un vent trop favorable (+ 4,0 m/s), mais avec un temps incroyable de 12’06 en finale. Après avoir défendu la conservation du titre des Jeux du Commonwealth (12’30), elle est finalement vainqueur de la finale de la Ligue de diamant (12’29), nouveau record du meeting, dépassant la mythique sprinteuse américaine Gail Devers et son record vieux de 22 ans (12’39), il s’agit ainsi de la quatrième meilleure performance de la saison. Elle devance ainsi la championne olympique Jasmine Camacho-Quinn, invaincue avant la finale de la Ligue de diamant. L’apothéose pour la sprinteuse nigériane.
Médaillée d’argent à Eugene, Werkuha Getachew (Éthiopie, 3 000 m steeple F) s’est bien rattrapée avec un premier titre remporté à la Ligue de diamant. Dans une course où la championne du monde Kazakhe d’origine kényane Norah Jeruto ne se s’est pas présentée, elle faisait office de grande favorite et a su confirmer son rang. La deuxième meilleure performeuse mondiale de l’année s’est imposée avec un temps de 9’03’57, devant Winfred Mutile Yavi (Bahreïn), et Faith Cherotich (Kenya).
Le Kenya, fidèle à sa tradition
Champion du monde et champion olympique en titre, Emmanuel Korir (Kenya, 800 m H) poursuit sa domination de la discipline. Bien accroché par le Canadien Marco Arop, médaillé de bronze à Eugene, il s’impose dans un sprint final en 1’43’26 (contre 1’43’38 pour le Canadien), soit un meilleur temps que celui réalisé en finale des championnats du monde (1’43’71’) et la meilleure performance mondiale de l’année. Quatrième des Jeux de Tokyo, septième des championnats du monde d’Eugene et médaillé d’argent des Jeux du Commonwealth, Nicholas Kipkorir (Kenya, 5 000 m H) a remporté sur premier titre majeur sur l’athlétisme mondial. Avec une victoire en 12’59’05 dans une course où manquaient à l’appel les cadors de la discipline, comme le Norvégien Jakob Ingrebrigtsen, Jacob Krop (Kenya), Oscar Chelimo (Ouganda) ou encore Joshua Cheptegei (Ouganda). Une première victoire malgré tout significative pour ce jeune coureur de 23 ans.
Considérée par beaucoup comme la meilleure coureuse de tous les temps de sa discipline, Faith Kipyegon (Kenya, 1 500 m F), double championne du monde et double championne olympique, a une fois de plus confirmé son rang. Intraitable, elle a réussi à remporter sa deuxième Ligue de diamant consécutive en s’imposant en 4’00’44, devant l’Irlandaise Ciara Mageean et l’Éthiopienne Freweyni Hailu, sans forcer, avec un temps loin de la performance accomplie aux championnats du monde d’Eugene (3’53’96), preuve de la marge qu’elle a sur le reste de ses adversaires. Il s’agit du troisième diamant remporté pour la coureuse kényane.
Chez les dames, Mary Moraa (Kenya, 800 m), médaillée de bronze aux Mondiaux, s’est bien rattrapée pour clôturer cette saison de la Ligue de diamant, en s’imposant devant la Britannique Keely Hodgkinson, vice-championne du monde et vice-championne olympique. L’Américaine Athing Mu, qui remporte tout sur les deux dernières saisons, n’a pas pris part à la finale. Championne d’Afrique, vice-championne du monde, puis vainqueur des Jeux du Commonwealth, Beatrice Chebet (Kenya, 5 000 m) a remporté le premier diamant de sa carrière en s’imposant sur une course organisée en plein centre-ville de Zurich mercredi. Sa victoire s’est jouée au sprint devant sa compatriote Margareth Kipkemboi, la championne du monde éthiopienne Gudaf Tsegay et la championne hollandaise d’origine éthiopienne Sifan Hassan. Elle réalise son record personnel avec un temps de 14’31’03 et la cinquième meilleure performance de l’année.
Quelques performances notables sont à noter, comme sur le 100 m, l’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou a décroché la troisième place du 100 m (10’91), derrière l’intouchable duo jamaïcain Shelly-Ann Fraser-Pryce, descendue sept fois sous la barre de 10’70 cette saison et plus forte que jamais à l’âge de 35 ans, et Shericka Jackson.
Le Burkinabé Hugues Fabrice Zango n’a pu accrocher que la 4e place du triple saut avec un triple bond à 17,43 m. On signale également la belle performance du champion olympique et champion du monde sud-africain Wayde Van Niekerk sur 400 m, qui réalise son meilleur temps depuis 2017 et sa blessure l’ayant privé de compétition pendant plus de deux ans.